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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


sa censure, devant le peuple, sur la question du mariage, pour exhorter les citoyens à prendre des épouses. Dans ce discours, on trouvait le passage suivant : « Si nous pouvions, Romains, vivre sans femmes, tous nous éviterions un tel ennui ; mais, puisque la nature a voulu qu’on ne pût ni vivre tranquillement avec une femme ni vivre sans femme, occupons-nous plutôt de la perpétuité de notre nation que du bonheur de notre courte vie. » Quelques auditeurs trouvaient que le censeur Métellus, qui voulait exhorter les Romains au mariage, aurait dû s’abstenir d’avouer les soucis et les inconvénients inséparables de cet état. En parlant ainsi, disaient-ils, il détournait ses auditeurs du mariage, plutôt qu’il ne leur en donnait le goût ; il fallait soutenir la thèse contraire, affirmer que, le plus souvent, le mariage n’entraîne aucun déplaisir, et que si le ménage est parfois troublé par quelques ennuis, ils sont légers et faciles à supporter ; largement compensés, d’ailleurs, par tant d’avantages et de plaisirs ; enfin, que ces chagrins eux-mêmes, n’étant pas un mal universel, ne sont pas une conséquence forcée du mariage ; mais que, le plus souvent, ils ne doivent être imputés qu’aux fautes et à l’injustice de certains maris. Titus Castricius, au contraire, pensait que Métellus avait parlé d’une manière convenable et conforme à son sujet : car, dit-il, le langage d’un censeur doit