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une ressemblance mensongère. Ainsi, fort souvent, on prend Texagération et Tenflure pour la richesse ; l'aridité, la sécheresse pour la simplicité, l'incohérence d'un style sans caractère pour la sobriété dans le langage. M. Varron dit que la langue latine offre trois modèles parfaits de chacun de ces genres : Pacuvius pour le style riche, Lucilius pour le simple, Térence pour le tempéré. Mais des exemples de ces trois genres d'éloquence avaient été donnés, bien des siècles auparavant, par Homère, dans trois de ses personnages : le style d'Ulysse est magnifique et fécond, celui de Ménélas se distingue par la finesse et la retenue, celui de Nestor réunit la richesse du premier à la simplicité du second. On re- marqua cette même variété des trois formes de style dans les dis- coui*s des trois philosophes que les Athéniens envoyèrent au sénat et au peuple romain, pour demander la remise de l'amende à laquelle cette ville avait été condamnée pour la dévastation d'Orope; l'amende était d'environ cinq cents talents. Ces philo- sophes étaient Carnéade de l'Académie, Diogènê le stoïcien, Cri- tolaûs le péripatéticien. Lorsqu'ils eurent été introduits dans la curie, C. Acilius, l'un des sénateurs, leur servit d'interprète. Mais auparavant, chacun d'eux, désirant faire parade de ses ta- lents, avait disserté séparément, en présence d'un concours nom-