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de l'amour le plus passionné. Et cet amour n'avait pas pour ob- jet des êtres de leur espèce, mais de beaux enfants qu'ils avaient TUS par hasard dans des barques ou sur les sables du rivage, et pour lesquels ils ressentaient une tendresse extraordinaire et vrai- ment humaine. Je vais transcrire un passage du savant Apion , extrait du livre cinquième de ces EgypUaques , où il rapporte l'attachement d'un dauphin pour un enfant qui s'était familia- risé avec lui de telle sorte, qu'il jouait, montait sur son dos, faisant ainsi des courses sur les flots; Apion dit même qu'il fut un des nombreux témoins de tous ces faits, a J'ai vu moi-même, dit-il, près de Dicéai-chie, un dauphin épris de passion pour un enfant nommé Hyacinthe : il accourait à sa voix, s'approchait du rivage et recevait l'enfant sur son dos, ayant bien soin de replier les pointes de ses nageoires, de crainte de blesser l'objet de sa tendresse , qu'il portait ainsi jusqu'à deux cents stades du rivage. On accourait de Rome et de toute l'Italie pour voir ce poisson guidé dans ses courses par l'amour. » Ce qu'ajoute Apion n'est pas moins merveilleux : « Cet enfant si tendrement aimé tomba malade et mourut. Après être revenu plusieurs fois au lieu même où l'enfant avait coutume d'attendre son arrivée , le dauphin ne le voyant pas venir, fut saisi d'une douleur si vive qu'il ne put lui survivre. Son corps fut trouvé sur le rivage par