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nouir cette joie à laquelle nous nous abandonnons avec excès. L'adversité donne des armes contre elle-même : elle nous apprend comment nous de- vons agir. La prospérité, par l'ivresse qu'elle cause, noiis éloigne ordinairement des résolutions justes et prudentes. C'est pour- quoi je vous exhorte de tout mon pouvoir à différer de quelques jours l'examen de cette affaire, jusqu'à ce que, revenus de notre joie, nous soyons rentrés en possession de nous-mêmes. »

Dans les paroles qui suivent, dit le critique, Caton avoue le crime des Rhodiens, loin de les défendre. 11 ne cherche pas à repousser l'accusation, ou à la rejeter sur d'autres; il dit seule- ment que les Rhodiens ont eu de nombreux complices : ce qui, certes, n'est pas propre à les disculper.

« Bien plus, ajoute Tiron, les Rhodiens étaient accusés d* avoir fait des vœux contre le peuple romain , et en faveur du roi : Caton convient qu'ils ont, en effet, formé ces espérances et ces désirs, mais en vije de leur intérêt propre, dans la crainte que les Romains, vainqueurs aussi de Persée, ne missent plus de bornes à leur orgueil et à leur présomption. » Et il cite les pa- roles mêmes de Caton : « Je crois bien que les Rhodiens sauraient qui détruise notre prospérité et fasse évanouir cette joie à la- quelle nous nous abandonnons avec excès. L'adversité donne des armes contre elle-même : elle nous apprend comment nous de- vons agir. La prospérité, par l'ivresse qu'elle cause, noiis éloigne ordinairement des résolutions justes et prudentes. C'est pour- quoi je vous exhorte de tout mon pouvoir à différer de quelques jours l'examen de cette affaire, jusqu'à ce que, revenus de notre joie, nous soyons rentrés en possession de nous-mêmes. »

Dans les paroles qui suivent, dit le critique, Caton avoue le crime des Rhodiens, loin de les défendre. 11 ne cherche pas à repousser l'accusation, ou à la rejeter sur d'autres; il dit seule- ment que les Rhodiens ont eu de nombreux complices : ce qui, certes, n'est pas propre à les disculper.

« Bien plus, ajoute Tiron, les Rhodiens étaient accusés d* avoir fait des vœux contre le peuple romain , et en faveur du roi : Caton convient qu'ils ont, en effet, formé ces espérances et ces désirs, mais en vije de leur intérêt propre, dans la crainte que les Romains, vainqueurs aussi de Persée, ne missent plus de bornes à leur orgueil et à leur présomption. » Et il cite les pa- roles mêmes de Caton : « Je crois bien que les Rhodiens auraient