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AULU-GELLE


divers ; que les considérations de personnes, de temps, de nécessités, de circonstances, dont le détail ne peut être circonscrit dans des principes généraux, déterminent, règlent notre devoir et tantôt rendent blâmables, et tantôt justifient les démarches que fait faire l’amitié. Ces considérations et autres semblables sont présentées par Théophraste avec prudence, circonspection et conscience ; mais on voit trop que c’est un philosophe qui fait preuve de goût dans sa discussion, dans les distinctions qu’il établit, lorsqu’il devrait s’attacher à trancher la question par une conclusion nette et précise. C’est parce que les philosophes ignorent souvent les principes de la science, la variété des êtres, la diversité des questions, qu’ils ne peuvent nous donner ces préceptes fixes, bons dans tous les temps, applicables à tous les cas, préceptes dont je regrettais l’absence dès le début de ce morceau. Chilon, qui a donné lieu à cette discussion, entre autres règles utiles et sages, a donné celle-ci, qui est d’une utilité incontestable, parce qu’elle renferme dans de justes limites les mouvements impétueux de l’amour et de la haine : « Aimez, dit-il, comme pouvant haïr ensuite ; et haïssez comme pouvant aimer un jour. » Plutarque, dans le premier livre de son traité sur l’Âme, rapporte sur le même Chilon le trait suivant : « Chilon,