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le bien peut exister sans le mal : car le bien étant le contraire du mal, il faut qu'ils existent ensemble, opposés l'un à l'autre, et appuyés, pour ainsi dire, sur leur mutuel contraste. Deux contraires, en effet, ne peuvent exister l'un sans l'autre. Ainsi, comment pourrions-nous avoir la notion de la justice, si l'injus- tice n'existait pas? En d'autres termes : Qu'est-ce que la justice, sinon l'absence de l'injustice? Comment pourrions -nous com- prendre le courage, si nous ne lui opposions la lâcheté? la tem- pérance, sahs son contraire, l'intempérance? la prudence, sans l'imprudence? Pourquoi, ajoute Chrysippe, ces hommes insensés ne désirent-ils pas aussi que la vérité existe sans le mensonge? Car ici-bas le bien et le mal , le bonheur et le malheur, la dou- leur et le plaisir sont inséparables : l'un et l'autre, comme le dit Platon/ sont liés étroitement par des extrémités contraires; on ne peut détruire l'un sans détruire en même temps l'autre. »

Dans le même livre, Chrysippe discute et examine cette ques- tion qui lui parait digne d'attention : « Si les maladies qui attaquent l'homme sont inhérentes à sa nature, » c'est-à-dire si c'est la puissance appelée nature des choses ou Providence, puis- sance ordonnatrice de l'ensemble de l'univers et créatrice de l'homme, qui a produit les maladies, les infirmités, les souf-