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V. Réponse plaisante et maligne du Carthaginois Annibal au roi Ântiochus.

Nous lisons dans de vieux recueils d'anecdotes que le Cartha- ginois Annibal, se trouvant à la cour d'Antiochus, railla ce prince d'une manière fort plaisante. Voici à quel sujet : Antiochus lui montrait dans une vaste plaine toute l'armée qu'il avait levée pour faire la guerre aux Romains; il faisait manœuvrer devant son hôte les bataillons étincelants de l'éclat de leurs armes d'or et d'argent; il faisait passer devant lui les chars armés de faux, les éléphants chargés de tours, la cavalerie avec ses freins, ses selles, ses colUers et ses phalères brillants. Le roi, tout fier à la vue de son armée, si nombreuse et si richement équipée, se tour- nant vers Annibal : « Penses-lu, lui demande-t-il, que je puisse livrer bataille, e! crois-tu qu'il y en ait là assez pour les Romains?» Alors le Carthaginois voulant railler le monarque sur la lâcheté et la faiblesse de cette armée si magnifique : « Oui, certainement, répond- il, je crois qu'il y en a assez pour les Romains, bien qu'ils soient les plus avares de tous les hommes. » On ne pouvait