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reposer un instant. Protagoras se rend à l'invitation de Démo- crite, qui, examinant de plus près encore, s'aperçoit que le far- deau disposé en rond, et serré par un lien très-court, est main- tenu en équilibre par un procédé géométrique. Le philosophe demande quel est celui qui a ainsi disposé ce bois. Protagoras ayant répondu que c'était lui-même, Démocrite le prie de le dé- faire et de le Ifer de nouveau de la même manière. Protagoras ayant fait selon son désir, Démocrite, plein d'admiration pour l'intelligence et l'adresse de cet homme inculte, lui dit : « Jeune homme, puisque tu as de si bonnes dispositions, tu peux t' occu- per avec moi de choses plus importantes et plus utiles. » Et il l'emmène dans sa maison, le garde près de lui, pourvoit à tous ses besoins, lui enseigne la philosophie et lui donne les moyens de parvenir à la célébrité qu'il obtint plus tard. Cependant, il faut le dire, la philosophie de Protagoras n'avait point pour but la recherche sincère de la vérité; il fut, au contraire, le plus dispu- teur des sophistes, car il promettait à ses disciples, qui lui don- naient chaque année un salaire considérable, de leur enseigner par quelle^ subtilité de langage la plus mauvaise cause devenait la meilleure; ce qu'il exprimait ainsi en grec ; Tov tTttw ).oyov xpfCTTo» irotirv, rendre bonne une mauvaise cause.