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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


campagne qu’il possédait près de la ville ; il invitait en même temps Servilianus, homme de distinction, et plusieurs autres compatriotes qui étaient venus en Grèce pour cultiver leur esprit.

Un jour, pendant les chaleurs de l’automne, nous étions réunis dans sa villa appelée Céphisia, où nous avions, pour braver le feux de la canicule, l’ombrage de bois élevés, de vastes promenades sur un gazon moelleux, des portiques où le zéphir entretenait une agréable fraîcheur, de larges bassins aux eaux pures et limpides, et des fontaines dont le murmure se mêlait aux chants harmonieux des oiseaux. Là se trouvait aussi un jeune homme, disciple du portique, à ce qu’il disait, mais bavard et présomptueux outre mesure. À table, dans la conversation qui s’engage ordinairement à la fin des repas, notre homme discuta, à tort et à travers, sur les différentes doctrines philosophiques ; je croyais qu’il n’en finirait jamais ; à l’entendre parler, tous les autres philosophes, les plus illustres savants de Rome et d’Athènes n’étaient que des hommes ignorants et grossiers à côté de lui ; il nous rompait la tête avec ses termes techniques que nous n’entendions pas, et ses syllogismes et les finesses de la dialectique, se vantant d’être le seul à connaître certains arguments que les Grecs nomment κυριεύοντες, ἡσυχάζοντες, σωρείτας, et autres