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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


l'ordonne ou ne l’ordonne pas. Au contraire, ce qui est honteux et tout à fait injuste, nous devons nous en abstenir, quand même un père nous l’ordonnerait. Quant à cette espèce d’actions qui tiennent le milieu, et que les Grecs appellent ἀδιάφορα indifférentes, μέσα moyennes, comme aller à la guerre, cultiver ses champs, briguer les honneurs, plaider, se marier, partir pour exécuter un ordre, se rendre où l’on est appelé ; toutes ces actions et d’autres encore n’étant par elles-mêmes ni honnêtes ni déshonnêtes, et ne devenant louables ou répréhensibles que selon la manière dont elles sont accomplies, il faut dans toutes ces choses obéir aux ordres d’un père. Par exemple, un père veut que son fils se marie, embrasse la profession d’avocat ; comme, en ces deux cas, il s’agit d’actes qui ne sont ni honnêtes ni déshonnêtes, l’autorité paternelle doit jouir de tous ses droits. Mais si un père ordonnait à son fils d’épouser une femme perdue de réputaton, une prostituée, une infâme, ou de plaider pour un Catilina, un Tubulon, un P. Clodius, le fils ne devrait pas obéir, puisque ces actes reçoivent des circonstances un caractère d’infâmie, et par cela méme ne sont plus indifférents. On ne peut ne pas établir sans distinction cette proposition : les ordres d'un père sont honnêtes ou déshonnétes. Il faudrait, pour la