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LE RAMEAU D’OR

chasseurs à l’affût les entendant parler, ne les prissent pour les mettre en cage. Ils arrivèrent ainsi au Rameau d’Or. Il était planté au milieu d’un jardin merveilleux ; au lieu de sable, les allées étaient remplies de petites perles orientales plus rondes que des pois ; les roses étaient de diamants incarnats, et les feuilles d’émeraudes ; les fleurs des grenades, de grenats, les soucis de topazes, les jonquilles de brillants jaunes, les violettes de saphirs, {{{2}}} des bluets de turquoises, les tulipes d’améthystes, opales et diamants ; enfin, la quantité et la diversité de ces belles fleurs brillait plus que le soleil.

C’était donc là (comme je l’ai déjà dit), qu’était le Rameau d’Or, le même que le prince Sans-Pair reçut de l’aigle, et dont il toucha la fée Bénigne lorsqu’elle était enchantée. Il était devenu aussi haut que les plus grands arbres, et tout chargé de rubis, qui formaient des cerises. Dès que le grillon, la sauterelle et les deux souris s’en furent approchés, ils reprirent leur forme naturelle. Quelle joie ! quels transports ne ressentit point l’amoureux prince à la vue de sa belle bergère ? Il se jeta à ses pieds ; il allait lui dire tout ce qu’une surprise si agréable et si peu espérée lui faisait ressentir, lorsque la reine Bénigne et le roi Trasimène parurent dans une pompe sans pareille ; car tout répondait à la magnificence du jardin. Quatre amours armés de pied en cap, l’arc au côté, le carquois sur l’épaule, soutenaient avec leurs flèches un petit pavillon de brocart or et bleu, sous lequel paraissaient deux riches couronnes. — Venez, aimables amants, s’écria la reine, en leur tendant les bras, venez recevoir de nos mains les