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encore : « Fils de Dieu par la résurrection d’entre les morts de Jésus-Christ », alors que l’Apôtre aurait pu dire, selon le langage ordinaire : En sa puissance, ou : selon l’Esprit de sa sanctification, ou : par sa résurrection d’entre les morts, ou d’entre ses morts ; quand nous lisons cela, dis-je, nous ne nous croyons point du tout obligés de supposer une autre personne, mais bien la seule et même, à savoir celle du Fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. De même quand nous entendons dire : « Dieu fit l’homme à l’image de Dieu », bien qu’on aurait pu dire en termes plus conformes à l’usage : à son image, nous ne sommes point obligés de chercher une autre personne dans la Trinité, mais nous n’y voyons que la seule et même Trinité, qui est un seul Dieu et à l’image de laquelle l’homme a été fait. 8. Cela établi, si nous devons chercher l’image de la Trinité, non dans un seul homme, mais dans trois, Père, Mère et Fils, l’homme n’était donc pas fait à l’image de Dieu avant que sa femme fût formée et qu’ils eussent un fils, puisqu’il n’y avait pas trinité jusqu’alors. Dira-t-on qu’il y avait déjà Trinité, puisque la femme, quoique encore privée de sa forme propre, était cependant contenue virtuellement dans le flanc de son mari, comme le fils dans les entrailles du père ? Pourquoi alors l’Ecriture, après avoir dit. « Dieu fit l’homme à l’image de Dieu », ajoute-t-elle aussitôt : « Dieu le créa ; il les créa mâle et femelle et il les bénit (Gen., I, 27, 28 ) ? » Ou bien faudrait-il distinguer et dire en premier lieu : « Et Dieu fit l’homme » ; puis en second lieu : « Il le fit à l’image de Dieu » ; et en troisième lieu : « il les créa mâle et femelle ? » Car quelques-uns ont eu peur de dire : Il le fit mâle et femelle, pour ne pas donner lieu de croire à quelque chose de monstrueux comme sont les hermaphrodites : bien qu’on puisse en toute vérité comprendre les deux sexes en un seul mot singulier, puisqu’il est dit : « Deux dans une seule chair ». Pourquoi donc, comme je le disais d’abord, dans la nature humaine faite à l’image de Dieu, l’Ecriture ne mentionne-t-elle que mâle et femelle ? Il semble que pour compléter l’image de la Trinité, il aurait fallu parler aussi du fils quoique encore renfermé dans les entrailles du père, comme la femme l’était dans le flanc du mari. Ou bien la femme était-elle déjà créée, et l’Ecriture a-t-elle dit en très-peu de mots ce qu’elle devait dire ensuite plus au long en expliquant la formation de la femme, tandis que le fils n’aurait pu être mentionné, puisqu’il n’était pas encore né ? Comme si l’Esprit-Saint n’aurait pas pu renfermer aussi l’idée du fils dans ce peu de mots, en se réservant de raconter plus tard sa naissance, ainsi qu’il a raconté un peu plus bas la manière dont la femme a été tirée de l’homme (Gen., II, 24, 22 ), bien qu’il n’ait pas omis de donner ici son nom !


CHAPITRE VII.

COMMENT L’HOMME EST L’IMAGE DE DIEU. LA FEMME N’EST-ELLE PAS AUSSI L’IMAGE DE DIEU ?

9. Ainsi donc, quand on dit que l’homme a été créé à l’image de la souveraine Trinité, c’est-à-dire à l’image de Dieu, il ne faut pas rechercher cette image dans trois êtres humains ; surtout en présence de ce passage de l’Apôtre où il dit que l’homme est l’image de Dieu, et lui défend pour cela de voiler sa tête, tandis qu’il veut que la femme voile la sienne. Voici ses paroles : « Pour l’homme, il ne doit pas voiler sa tête parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu. Mais la femme est la gloire de l’homme ». Que dire à cela ? Si la femme est nécessaire en personne pour compléter l’image de la Trinité, pourquoi après qu’elle est tirée du flanc de l’homme, l’homme est-il encore appelé l’image de la Trinité ? Ou si une des trois personnes humaines peut être individuellement appelée image de Dieu, comme dans la souveraine Trinité elle-même chaque personne est Dieu, pourquoi la femme n’est-elle pas aussi l’image de Dieu ? Et cependant on lui ordonne de voiler sa tête précisément parce que cela est défendu à l’homme en qualité d’image de Dieu (I Cor., XI, 7, 5 ). 10. Mais il faut examiner comment l’Apôtre, en disant que c’est l’homme et non la femme qui est l’image de Dieu, n’est pas en contradiction avec ce texte de la Genèse : « Dieu fit l’homme, il le fit à l’image de Dieu, il les créa mâle et femelle et les bénit ». Ici c’est la nature humaine qui est dite créée à l’image de Dieu ; les deux sexes la forment, et en parlant d’image de Dieu, le texte ajoute : « Il le créa mâle et femelle », ou en distinguant plus spécialement : « Il les créa mâle et femelle ».