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CHAPITRE PREMIER. LE SYMBOLE, RÈGLE DE FOI.

1. Recevez, mes enfants, la règle de foi que nous appelons symbole. Après l’avoir reçue, écrivez-la dans votre cœur et récitez-la chaque jour ; avant de vous endormir, avant d’entreprendre un voyage, armez-vous de votre symbole. Pour ne point l’exposer à être lu par des yeux profanes, personne n’écrit le symbole ; gravez-le donc profondément dans votre mémoire, si vous voulez ne pas oublier ce que vous avez appris avec une si noble ardeur. Vous devrez croire ce qui vous sera enseigné, et ce que vous aurez cru vous le formulerez par la parole. L’Apôtre ne dit-il pas : « C’est parle cœur que l’on croit pour la justice, mais c’est par la bouche que l’on confesse sa foi pour le salut  ? » Voici donc le symbole que vous apprendrez et que vous redirez. Toutes les paroles qui le composent se retrouvent en différents endroits des divines Ecritures ; c’est là qu’elles ont été puisées pour ne former qu’un seul tout, que la mémoire la plus lente pût apprendre facilement. De cette manière, tout homme peut formuler et retenir ce qu’il croit. Est-ce d’aujourd’hui seulement que vous entendez parler de la toute-puissance de Dieu ? Eh bien ! il deviendra votre père, dès que vous aurez reçu la naissance par l’Église votre mère.

2. Après ce que vous avez entendu, médité et retenu, vous pouvez dire : « Je crois en Dieu le Père tout-puissant ». Dieu est tout-puissant, et parce qu’il est tout-puissant il ne peut mourir, il ne peut être trompé, il ne peut mentir, et selon la parole de l’Apôtre, « il ne peut se renier lui-même  ». Que de choses il ne peut pas, quoiqu’il soit tout-puissant ; ou plutôt, il est tout-puissant parce qu’il ne peut pas toutes ces choses, S’il pouvait mourir, il ne serait pas tout-puissant ; s’il pouvait mentir, se tromper, être trompé, faire le mal, il ne serait pas tout-puissant ; car s’il était capable de tout cela il ne serait pas digne d’être tout-puissant. Dès lors notre Père tout-puissant ne peut pécher. Il peut faire tout ce qu’il veut, c’est là sa toute-puissance. Il fait tout ce qu’il veut de bien et de juste ; mais il ne veut rien de ce qui pourrait être mal. Personne ne peut résister au tout-puissant jusqu’à l’empêcher de faire ce qu’il veut. C’est Dieu qui a créé le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, les choses invisibles et visibles. Les choses invisibles, comme sont par exemple les trônes, les dominations, les principautés, les puissances, les archanges, et les anges, dont nous deviendrons les concitoyens, si nous menons une vie sainte. Dieu a fait également dans le ciel les choses visibles : le soleil, la lune, les étoiles. Il a créé les animaux terrestres pour orner la terre ; dans l’air, il a lancé les oiseaux ; sur le sol il a jeté les animaux marchants et rampants, et dans la mer les poissons ; il a rempli chaque élément des créatures qui lui sont propres. Enfin il a donné à l’homme une âme créée à son image et à sa ressemblance ; l’âme est donc l’image de Dieu, voilà pourquoi elle ne peut se comprendre elle-même, en tant qu’elle est l’image de Dieu. Nous avons été créés pour commander à toutes les autres créatures ; mais nous sommes tombés par le péché du premier homme, et, depuis ce moment, nous avons hérité de la mort. Nous sommes devenus des hommes mortels, nous sommes remplis de craintes et d’erreurs ; c’est là l’œuvre du péché dont tout homme apporte en naissant la coulpe et le châtiment. Voilà pourquoi vous voyez que l’on souffle sur les petits enfants, et qu’on les exorcise, afin de chasser loin d’eux la puissance ennemie du démon qui n’a trompé les hommes que pour en faire ses esclaves. Dans