Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’heure en étant venue, vous vous rappeliez que je vous les ai dites ». Heure de ténèbres, heure nocturne. « Mais le Seigneur qui a signalé sa miséricorde dans le jour, l’a encore signalée dans la nuit [1] » ; quand la nuit des Juifs a repoussé loin d’elle le jour des chrétiens sans pouvoir l’obscurcir, et qu’elle a fait mourir leurs corps sans être à même de plonger leur foi dans les ténèbres.

QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES DE JÉSUS : « MAIS JE NE VOUS AI PAS DIT CES CHOSES DÈS LE COMMANDEMENT, PARCE QUE J’ÉTAIS AVEC VOUS », JUSQU’A CES MOTS : « MAIS SI JE M’EN VAIS JE VOUS L’ENVERRAI ». (Chap. 16,5-7.)

L’ESPRIT CONSOLATEUR.

Pendant que Jésus-Christ était avec ses Apôtres, il pouvait les consoler ; une fois éloigné d’eux, il devait leur envoyer le Paraclet pour remplir cet office à leur égard : devenus alors moins charnels, ils seraient plus à même d’avoir en eux le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et d’en éprouver la divine influence. L’Esprit-Saint, en les fortifiant au milieu de leurs épreuves, devait aussi convaincre de péché les ennemis du Sauveur.


1. Lorsque le Seigneur Jésus eut prédit à ses disciples les persécutions qu’ils auraient à souffrir après qu’il se serait séparé d’eux, il ajouta ces paroles : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous ; mais maintenant je vais à Celui qui m’a envoyé ». Il faut d’abord voir s’il ne leur avait pas prédit auparavant les persécutions qu’ils devaient endurer. Les trois autres Évangélistes semblent indiquer qu’il les leur avait prédites avant la Cène[2]. Selon Jean, c’est après le repas qu’il leur fit cette observation : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous ». Pour résoudre cette difficulté, ne pourrait-on pas dire que les Évangélistes représentent Jésus-Christ comme étant sur le point de souffrir, au moment où il parlait ainsi ? Il ne les leur avait donc pas dites, lorsqu’il avait commencé d’être avec eux, puisqu’il ne les leur dit qu’au moment de s’en éloigner et de retourner à son Père. Ainsi donc, même selon ces Évangélistes, se trouve vraie cette parole qu’il dit ici : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement ». Mais alors, comment pourrons-nous ajouter foi à l’Évangile de Matthieu ? D’après lui le Seigneur n’attendit pas, pour annoncer ces choses, l’approche de sa passion, lorsqu’il allait célébrer la Pâque avec ses disciples, il les avait prédites dès le commencement, lorsqu’il choisit par leur nom ses douze Apôtres et qu’il les envoya exercer le divin ministère [3]. Que veulent donc dire ces paroles : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous ? » Le voici : Ce qu’il leur dit maintenant du Saint-Esprit, à savoir qu’il viendrait en eux et rendrait témoignage au moment où ils auraient à souffrir les maux qu’il leur annonçait, il ne le leur avait pas dit dès le commencement, parce qu’il était avec eux.
2. Ce consolateur ou avocat (car le mot grec de Paraclet veut dire l’un et l’autre) n’était donc nécessaire qu’après le départ de Jésus-Christ ; aussi ne leur en avait-il point parlé lorsqu’il avait commencé d’être avec eux, parce qu’il les consolait lui-même par sa présence. Mais comme il se trouvait sur le point de s’éloigner d’eux, il devait leur annoncer la venue de Celui qui, en répandant la charité dans leurs cœurs, leur ferait prêcher avec confiance la parole de Dieu ; en rendant témoignage à Jésus-Christ

  1. Ps. 41, 9
  2. Mt. 24, 9 ; Marc, 13, 9-13 ; Luc, 21, 12-17
  3. Mt. 10, 17