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l’a reçu. Enfin, remarquez bien l’humilité de celui qui le donnait, afin de pouvoir reconnaître la vérité de celui qui le recevait ; car voici ce que Jean disait : « Celui qui vient après moi est au-dessus de moi, et je ne suis pas digne de délier les courroies de sa chaussure. Moi, je vous baptise dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint[1] ». Après que le Christ fut venu auprès de Jean, celui-ci parla ainsi : « Voici l’Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde. C’est lui dont je disais : Après moi, vient un homme qui est au-dessus de moi, car il est plus ancien que moi[2] ». Et quand Jésus fut arrivé près du Jourdain, où Jean devait le baptiser, celui-ci s’écria : « C’est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ! Et Jésus lui répondit : Fais maintenant ce que je te 537 dis, car il nous faut accomplir toute justice[3] ». Alors Jean fit descendre Jésus dans l’eau, « et aussitôt qu’il fut baptisé, Jésus sortit de l’eau, et les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui, et tout à coup une voix vint du ciel : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances »[4]. Ce jour est donc l’anniversaire de la naissance de Jean, qui a donné le saint baptême, et, à coup sûr, il est juste que tous les chrétiens honorent un pareil jour. Tenez ferme, mes frères, à cet article de nos croyances, et, pour ne jamais douter en quoi que ce soit, restez soumis à la foi chrétienne. Que le Dieu unique en trois personnes, qui vit et règne dans les siècles des siècles, daigne vous en faire la grâce ! Ainsi soit-il.

HUITIÈME SERMON. POUR LA FÊTE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL. 1

ANALYSE. —1. Foi de Pierre. —2. Pierre et Paul, le premier et le dernier des Apôtres, sont couronnés le même jour. —3. Leurs corps sont à Rome, mais leur nom se rencontre partout.
1. Mes frères bien-aimés, écoutons le pêcheur devenu prince des Apôtres : par la réponse que sa foi lui a dictée, il a mérité de devenir le portier du royaume des cieux ; il a reçu le pouvoir de lier et de délier, parce qu’en dépit des apparences il a reconnu en Jésus la grandeur divine. En tant qu’homme, le Seigneur Christ interroge ses disciples ; il leur demande quelle opinion le vulgaire a de lui : « Que dit-on du Fils de l’homme ? Pour qui le prend-on ?[5] » Enflammé par l’Esprit de Dieu, Pierre répond, non pas suivant ce qu’on lui demandait, mais d’accord avec l’inspiration qu’il avait reçue d’en haut : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant[6]. « Tu es bien heureux, Simon, fils de Jona, « parce que ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux[7] ». À moins d’avoir reçu de Dieu une révélation spéciale, le sens de l’homme est incapable de rien voir dans le mystère de l’Incarnation, la sagesse charnelle ne peut rien comprendre à cette incompréhensible vérité. Mes frères, voilà qu’un humble et pauvre Apôtre a sondé l’abîme impénétrable des richesses de l’Éternel ; il en a sondé les incommensurables profondeurs en confessant le nom du Christ, et, pour cela, il n’a pas discuté, il s’est contenté de croire. En effet, il a toujours cru, jamais il n’a engagé

  1. Luc. 3, 16
  2. Jn. 1, 29,30
  3. Mat. 3, 14-15
  4. Id. 16-17
  5. Mat. 16, 13
  6. Id. 16
  7. Mat. 16, 17