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raison que le Verbe divin était venu inspirer le prédicateur : de là, il nous est facile de conclure que l’Église a eu pour fondateur, non pas tant un homme, que la Divinité même : « La parole du Seigneur se fit entendre sur Jean ». Si, alors, Jean a prêché, la source de sa prédication n’a été autre que le Verbe : c’est la preuve que l’Église a eu pour fondement le Verbe divin et la foi chrétienne. « Jean fut donc prêchant le baptême de la pénitence ». Ici, mes bien-aimés, se montre plus clairement et d’une manière plus parfaite l’emblème de l’Église. « Jean prêchait le baptême de la pénitence, et il baptisait ceux qui confessaient leurs péchés ». Tout ceci, très-chers frères, se passait visiblement parmi les Juifs, et semblait n’avoir lieu que pour eux : néanmoins, ce n’était que la figure de ce qui devait s’accomplir réellement dans l’Église. Quels sont, en effet, les vrais pénitents ? Ce sont les seuls enfants de l’Église, les chrétiens qui se sont éloignés de la voie de l’erreur. À ton avis, la pénitence a-t-elle été profitable pour les Juifs ? Mais non ; car, loin de se repentir de leurs fautes passées, ils en comblent encore chaque jour la mesure. De bonne foi, font-ils pénitence de leurs péchés, les hommes qui persécutent aujourd’hui le Christ ? Donc « il baptisait ceux qui confessaient leurs péchés ». Alors le peuple juif recevait le baptême, mais alors aussi se purifiait le terrain de l’Église.
5. 2 est donc facile de le voir, mes bien-aimés : tout ceci s’applique exclusivement aux chrétiens et aux saints qui confessent leurs péchés au moment où ils reçoivent le baptême, et qui, après l’avoir reçu, mettent tous leurs soins à se corriger : aux hommes qui travaillent à faire pénitence, et dont toute l’existence est une continuelle confession, parce que, se purifiant sans cesse, ils se plongent tous les jours dans le bain du baptême. Agissez de même, je vous y exhorte et vous en conjure : c’est comme votre chef que je vous prie de le faire, c’est dans le sentiment d’une affection toute paternelle que je voudrais vous y décider.

SEPTIÈME SERMON. POUR LA NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE. 4

ANALYSE. —1. Superstitions en usage à la nativité de saint Jean-Baptiste. —2. La conception du Christ et celle de Jean ont lieu au temps de l’équinoxe, et leur naissance à l’époque du solstice. —3. Invitation aux païens de recevoir le baptême. —4. Et aux chrétiens de célébrer l’anniversaire de leur régénération.
1. Jusqu’ici, des erreurs d’une antiquité suspecte ont cru devoir singer la religion venue de Dieu, établir des usages presque pareils aux siens, la déshonorer d’une manière raisonnée, j’ajouterai même, protéger la vérité à l’aide de mensonges qui en ont l’apparence. En effet, comme la nuit succède au jour, et qu’à son tour le jour, empiétant sur la nuit, la chasse et la fait disparaître entièrement ; ainsi l’erreur, pareille aux profondes ténèbres qui accompagnent les astres de la nuit, prend la place de la vérité dont l’éclat s’est peu à peu affaibli, pour envelopper l’esprit humain de ses ombres épaisses. Mais quand le flambeau de la raison a repris le dessus, la vérité chasse l’erreur devant elle. Ainsi en est-il ici, et surtout au jour anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste ; ce jour se trouve, en effet, souillé par la pratique de telles erreurs, une crédulité si