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DIXIÈME SERMON. SUR LA DÉDICACE D’UNE ÉGLISE.

Ce sermon, qui porte le nom de saint Augustin, et qui est digne d’un si grand docteur, est collationné d’après des catalogues manuscrits, num. 98, 115, 123 et 343, dont deux portent les titres de collections des sermons de saint Augustin, et deux autres sont des lectionnaires contenant des sermons de différents auteurs. Mais, dans le catalogue num. 2, de la bibliothèque de Pomposa, du monastère de Saint-Benoît, de la Chartreuse de Ferrare, dont on conserve l’index complet dans les archives du Mont-Cassin, on le conserve parmi les Missels, fol.77, sous le nom de saint Augustin, et divisé en trois leçons, 6, 7, VIII. Ce catalogue est sur parchemin, en caractères latins du XIe siècle, composé de79 pages, et sur la marge du premier feuillet on lit cette inscription plus récente : Ce livre est des moines de la Congrégation de Sainte-Justine de Padoue, à l’usage du couvent de Sainte-Marie de Pomposa, et signé num. 5. Je ne l’ai point trouvé dans les autres bibliothèques ; on peut l’insérer, dans l’édition de Saint-Maur, après le sermon CCCXXXVIII, et il sera le quatrième pour la dédicace d’une Église. Ceux qui sont familiers dans la lecture de saint Augustin, en retrouvant ici les pensées et les figures habituelles au saint Docteur, ainsi que ses transitions, ses subtilités, les évolutions dont il avait coutume d’égayer ses lecteurs, ne balanceront point à l’attribuer à saint Augustin. ANALYSE. – Nous devons élever une maison à Dieu. – Le riche, l’homme en dignité, le maître, bâtissent par actions de grâces. – Le pauvre s’en excuse, ainsi que l’homme de basse condition et l’esclave. – Il doivent le faire néanmoins, et bâtir en eux-mêmes un temple au Seigneur, le pauvre, en acquérant des richesses spirituelles, l’homme de basse condition, en devenant humble de cœur, le serviteur en servant son maître pour plaire à Dieu. – Le riche, l’homme en honneur, le maître, bâtiront aussi ce temple spirituel, quand leurs richesses seront sans violence, leur dignité sans orgueil, leur domination sans injustice. – Soyons tous des pierres vivantes unies par le ciment de la charité.
1. Appliquons-nous, mes frères, c’est l’avertissement que je vous donne, à devenir la maison de Dieu, à faire habiter en nous le Seigneur ; car si le Seigneur daigne habiter en nous, il sera toujours notre soutien. Félicitons-nous de ces bonnes œuvres que le Christ opère dans ses fidèles, et que chacun de nous fasse des progrès dans les bonnes œuvres, à proportion des secours divins qu’il reçoit. Ce qui est nécessaire, mes frères, c’est que chacun de nous élève à Dieu une maison ; que le riche bâtisse comme le pauvre, l’homme de haute condition et l’homme peu élevé, et le maître et le serviteur. Mais comment tenir ce langage au riche et au pauvre, à l’homme de haute condition et à l’homme peu élevé, au riche et au pauvre ? Car ils n’ont ni les mêmes facultés, ni la même dignité, ni la même puissance. Un riche peut répondre en toute confiance et nous dire J’élève un temple à Dieu, parce que j’ai de vastes ressources. L’homme élevé peut répondre : J’élève un temple à Dieu, parce que je suis parvenu à une haute dignité. Le maître aussi répondra : J’élève un temple au Seigneur, parce que j’ai un grand pouvoir sur ceux qui me sont soumis. Quelle joie pour nous dans ces hommes qui nous réjouissent de leurs paroles et de leurs bonnes œuvres ! Mais, pour nous faire de semblables réponses, le riche est en sécurité au sujet de ses grands biens, l’homme élevé en dignité jette les yeux sur ses grands honneurs, et le maître, sur le nombre de ses sujets. Après la réponse du riche, écoutons la réponse du pauvre ; après celle de l’homme en dignité, écoutons celle de l’homme peu élevé ; après celle du maître, écoutons celle du serviteur. Les uns ont de quoi promettre, les autres ont peut-être de quoi s’excuser. Sans aucun doute, le pauvre va nous dire : Comment puis-je élever un temple à Dieu, moi qui suis lié par mon indigence ? L’homme peu élevé nous dira : Comment élever un temple à Dieu, moi qui suis captif dans mon humble condition ? Enfin le serviteur nous dira : Comment élever un temple à Dieu, moi qui suis sous le joug de la servitude ; quand mon maître me donne à peine le pain de chaque jour, où trouver des ressources qui puissent me suffire pour élever un temple au Seigneur ? Toutes ces réponses paraissent raisonnables.