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que ceux-ci méconnaissent leurs parents.—6. Cinquième précepte : Interdiction de l’adultère ; plaie opposée, mort des animaux ; l’âme de l’adultère.—7. Sixième précepte : Tu ne tueras point ; plaie opposée, pustules, image de la colère, d’où provient l’homicide.—8. Septième précepte : Tu ne déroberas point ; plaie opposée, grêle qui amène la disette extérieure, image de la disette intérieure.—9. Huitième précepte : Tu ne diras point le faux témoignage ; plaie opposée, sauterelle à la dent nuisible.—10. Neuvième précepte : Ne convoite point la femme d’un autre ; plaie opposée, épaisses ténèbres, ou aveuglement.—11. Dixième précepte : Ne convoite point le bien d’autrui ; plaie opposée, mort du premier-né ou de la foi.—12. Enlèvement des richesses aux Égyptiens, Dieu qui donna ordre à Abraham d’immoler son fils, qui délivra Pierre de sa prison, ce qui fit mettre les gardes à la question, qui tourna au profit de la rédemption le crime de Judas, pouvait aussi disposer des richesses de l’Égypte en faveur de son peuple, comme une compensation des travaux, afin de figurer l’Église qui enlève an paganisme ses richesses.—13. Les mages de Pharaon succombant au troisième précepte, où il est question de sanctification, image des hérétiques séparés de l’esprit de Dieu, et dès lors de toute sainteté.

1. Il est dit quelque part dans l’Écriture, à la louange du Dieu que nous adorons « Vous avez tout disposé avec poids, nombre et mesure[1] ». Puis la doctrine apostolique nous enseigne « à examiner tout ce que l’on peut comprendre par ce qui a été fait, et à rechercher ce qui est caché d’après ce qui est manifeste[2] ». De là vient que, partout, la créature interrogée répond à sa manière qu’elle a pour auteur le Seigneur notre Dieu. Ensuite l’apôtre saint Paul nous dit que tout ce qui est écrit dans les livres de l’Ancien Testament arrivait en figure : « Tout cela », dit-il, « est écrit pour nous corriger[3], nous qui arrivons à la fin des siècles[4] ». Aussi, lues frères bien-aimés, tout ce qui dans la nature nous parait l’effet du hasard, si nous l’examinons avec soin, si nous le discutons, si nous parvenons à le comprendre en l’explorant avec sagesse, proclamera la louange du Créateur, la divine Providence étendant partout ses soins et disposant tout avec douceur, ainsi qu’il est écrit « qu’elle atteint avec force d’une extrémité à l’autre[5] ». À combien plus forte raison, tout ce qui est non-seulement d’accord avec les saintes Écritures, mais signalé dans leurs récits ? C’est pour cela que nous entreprenons, au nom du Seigneur notre Dieu, avec son secours et sa grâce, et fortifiés par la pieuse intention de vos cœurs, d’exposer autant que possible cette question que nous ont proposée nos frères, ou plutôt cet examen, cette contestation sur les dix plaies dont les Égyptiens sont frappés et sur les dix préceptes qui forment la constitution du peuple de Dieu. Nous avons en effet besoin du secours de Dieu, non pas peut-être pour nous, mais assurément pour vous, afin que nous disions avec certitude ce qui doit être dit[6] et entendu, et que, marchant ensemble dans la voie de la vérité, courant ensemble vers la patrie, nous puissions éviter, dès que nous connaîtrons l’esprit et la volonté de la loi, toutes les embûches de notre route. Les plaies dont fut frappé le peuple de Pharaon sont au nombre de dix, comme il y a dix commandements qui constituent la législation du peuple de Dieu. Voyons donc, mes frères, quel est le fait matériel, et quel en est le sens spirituel. Nous sommes loin de nier le fait et de dire que cela est raconté ou écrit, sans avoir été accompli ; mais nous acceptons les faits tels qu’ils sont écrits, et néanmoins nous reconnaissons par l’enseignement de l’Apôtre que ces faits étaient l’ombre de l’avenir. Nous pensons dès lors qu’il faut voir dans ces faits un sens spirituel, bien qu’ils soient néanmoins des faits réels. Que nul donc ne s’en vienne dire : Il est écrit qu’une plaie d’Égypte fut la conversion de l’eau en sang ; mais c’est là un symbole qui n’a pu se réaliser. Quiconque tiendrait ce langage, chercherait la volonté de Dieu de manière à faire outrage à la puissance de Dieu. Le même Dieu qui a pu donner un sens symbolique à ses paroles, ne le pourrait donner à ses actes ? Le peut-il ou non ? Isaac n’est-il pas né, ou Ismaël ? Ils étaient nés, ils étaient des hommes, des hommes nés d’Abraham, « l’un fils de la servante, l’autre de la femme libre[7] ». Tout homme qu’ils étaient, et hommes nés de femmes, ils n’en figuraient pas moins les deux Testaments ; l’Ancien et le Nouveau. Après avoir assis de la sorte sur une base solide la certitude des faits, nous devons en chercher la signification, de peur que, la base venant à se dérober,

  1. Sag. 15, 21
  2. Rom. 1, 20
  3. Saint Augustin cite les textes d’après l’ancienne version appelée Italique, qu’il préfère aux autres. L. 2 De doct. Chr, c. 15. Si notre illustre Denis eut fait cette remarque, il n’eût point vu un défaut de mémoire dans le sermon sur le cierge pascal, où il accuse saint Augustin d’avoir mis l’abeille pour la fourmi ; car il eût trouvé Bars l’ancienne Italique, après les Septante, l’exemple de la fourmi et de l’abeille.
  4. 2Co. 10, 11
  5. Sag. 8, 1
  6. On nous indique ici une omission ou une faute. Nous la croyons volontiers. Le saint docteur ne parle pas ainsi.
  7. Gal. 4, 22