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passion du Seigneur a pressuré les livres de la loi et des Prophètes, et il en a découlé cette connaissance qu’ont recueillie des cœurs spirituels. De même encore, quand on a exprimé le miel, la cire, qui n’a plus de douceur, est plus apte à recevoir l’impression des signes ; de même les gouverneurs du peuple juif n’ont retenu de la loi et des Prophètes que le sabbat, la circoncision, les néoménies, les azymes, et autres cérémonies semblables, simples vestiges des figures antiques, mais sans aucune douceur de la loi, comme une cire sans miel.

4. Mais il est plus visible encore qu’un rayon, la cire, le miel et le couvin, sont la figure des Sacrements de l’Église et des bonnes œuvres qui la rendent féconde. Aussi, l’Écriture, au livre des Juges, me suggère-t-elle de vous parler de ce rayon de miel qui fut trouvé dans la gueule d’un lion mort. Quand Samson, le plus fort des hommes, allait chercher une épouse, il rencontra, sur sa route, un lion, qu’il saisit et tua, comme il eût fait d’un chevreau, et la force d’un si puissant animal s’évanouit sous sa main[1]. Il continua sa route, épousa une femme, et s’en revint. Comme il revenait, il se détourna pour voir le cadavre du lion, et trouva que des abeilles avaient bâti dans sa gueule un rayon de miel. Il y a là un grand mystère ; qu’il nous suffise, vu le temps qui nous presse, de vous exposer brièvement cette figure. Écoutez donc, mes frères, autant que vous le pourrez. Que signifient, et Samson, et le lion, et le rayon de miel ? C’est ce que je vous expliquerai autant que le Seigneur voudra m’inspirer. Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans tout l’éclat de sa beauté, dans la grandeur de sa puissance, est venu se choisir pour épouse l’Église tirée des nations comme une fille étrangère. C’est à cette Église que l’Apôtre adressait ces paroles : « Je vous ai fiancée à cet Époux unique, à Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure[2] ». Ce lionceau, c’est le monde ; tous ces hommes épris du siècle, c’est la race de Satan, c’est la foule des impies, qui, dans sa fureur, s’est portée au-devant du Seigneur, pour lui barrer le passage et empêcher le salut des fidèles par la prédication de l’Évangile. Le peuple des Gentils frémissait de rage, en effet, dans la personne de ses rois, des puissants de ce monde, et dans sa fureur qu’attisait le diable, son père, il se rua contre l’Évangile de Dieu comme un lionceau, et rugit jusqu’à ce qu’il tomba sous la main de l’homme puissant. Mais la persévérance des martyrs dans la foi, brisa cette fureur des païens et les assauts impétueux des persécuteurs. Car ce fut par ces membres, véritablement forts, que le Seigneur vainquit le monde ; et maintenant que nous voyons sa fureur orgueilleuse éteinte par toute la terre, qui ne voit avec joie le lionceau étendu par terre ?

DEUXIÈME SERMON. SUR LE SAMEDI SAINT[3].

ANALYSE. —1. Dieu a tout créé par son Fils. —2. Manifestation du Fils par l’Incarnation. —3. Mystère de la Trinité.—4. L’existence de lame humaine démontre l’existence de Dieu. —5. Véritable connaissance de Dieu, et par là espérance de notre immortalité.

1. Nous venons d’entendre bien des leçons des saintes Écritures ; mais il nous est impossible, à nous, de vous parler aussi longuement, et à vous, d’entendre, quand même nous le

  1. Jug. XIV
  2. 2Co. 11, 2
  3. Dans le manuscrit nous lisons : Sermon de saint Augustin, évêque, pour la vigile de Pâques. C’est un discours très-relevé qui nous expose la création du monde, les mystères de l’Incarnation et de la Trinité, l’existence et la nature de Dieu, ainsi que notre espérance de l’immortalité.