Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle est morte pour le monde, mais elle vit en Dieu. Elle n’a pu mourir, celle qui, pour l’amour de Dieu, a porté au martyre ses sept enfants. Or, tous vivent sous l’autel des cieux, « car le Seigneur n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants[1] ».
7. Si donc, mes frères, les anciens justes ont beaucoup souffert pour ces divins sacrements ; si Daniel et ses trois compagnons sont dignes de toutes nos louanges, parce qu’ils n’ont pas voulu se souiller en participant à la table du roi ; si nous célébrons le souvenir de ces saints Machabées qui n’ont pas voulu user de ces viandes, dont les chrétiens peuvent user aujourd’hui licitement ; nous aussi, ne craignons pas, s’il le faut, de souffrir pour Jésus-Christ, pour le baptême de Jésus-Christ, pour l’Eucharistie de Jésus-Christ et pour la croix de Jésus-Christ ; les justes de l’Ancien Testament ne connaissaient que les promesses et les figures, et nous, nous possédons la réalité. La foi pour eux était couverte de voiles et de ténèbres, tandis que pour nous elle brille dans toute sa splendeur. Tous les saints et les justes avaient la même foi et la même espérance. Sachons donc souffrir ce qu’ils ont souffert pour Dieu, méprisons ce qu’ils ont méprisé, afin que nous recevions avec eux la vie éternelle que nous espérons.

SOIXANTE-TROISIÈME SERMON. POUR LA SOLENNITÉ DES SAINTS MACHABÉES. (TROISIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Fête de la dédicace de l’Église et fête des martyrs. —2. Les chrétiens ont toujours à combattre. —3. La solennité des martyrs demande à être célébrée par la sainteté. —4. Conclusion.


1. Je rends à Dieu d’abondantes actions de grâces, à la vue de ce vaste concours de peuples, qui suffirait seul à rappeler la grande solennité de ce jour, lors même que je garderais le silence. Dociles aux sentiments pieux qui vous animent, vous avez mis une sainte envie à vous réunir, et à proclamer, avant toute parole de ma part, la sainteté de ce jour. C’était justice, car votre joie a un double motif : la dédicace de cette église et le triomphe d’illustres martyrs dont la gloire rejaillit sur l’Église tout entière. Les saintes Écritures, dont la lecture vient d’être faite, vous ont rappelé le grand événement que nous célébrons en ce jour, le martyre des sept frères et celui de leur mère qui, après avoir souffert en chacun de ses enfants a obtenu sa part dans leur triomphe. Grâce à ses pieuses exhortations, ses enfants, avant elle, se montrèrent invincibles dans la mort, et la précédèrent dans le triomphe, mais elle les suivit aussitôt. Bienheureuse mère, bienheureux enfants, bienheureuse famille, où le courage de ceux qui précèdent n’a d’égal que le courage de ceux qui suivent ! Habilement inspiré par son impiété et sa barbarie, le tyran s’était flatté d’effrayer les premiers par l’atrocité des supplices, et les derniers par l’affreux spectacle qu’ils auraient eu sous les yeux ; mais il ne réussit qu’à multiplier les palmes des martyrs et à rehausser leur triomphe, car chacun d’eux resta vainqueur, non seulement dans sa propre personne, mais aussi dans la personne de chacun de ses frères.
2. Il est toujours utile et agréable de rappeler de tels exemples. La science enfle, à moins que l’obéissance n’édifie ; les leçons fatiguent à entendre, à moins qu’on n’entreprenne de les mettre en pratique. Les persécuteurs

  1. Lc. 20, 38