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trois enfants ont pu être jetés dans une fournaise ardente ; pour entrer dans le feu ils étaient enchaînés ; mais bientôt ils purent se promener en toute liberté dans les flammes. Ils convertirent à la foi un roi barbare ; de même le miracle accompli en faveur des Apôtres détermina trois mille personnes à embrasser la foi de Jésus-Christ. Je ne vous tairai pas, mes frères, les pensées qui assiègent mon esprit dans les joies de cette solennité. Selon la tradition que nous avons reçue de nos ancêtres, la flamme sortant de la fournaise s’élevait à quarante-neuf coudées ; or, c’est ce nombre quarante-neuf qui devait être consacré dans le mystère des sept semaines. Car sept multiplié par sept donne le chiffre de quarante-neuf. Mais où est le premier jour ? Cherchons-le, afin de compléter le nombre cinquante. Ce jour était dans la fournaise de feu avec les trois enfants ; c’est lui qui inspirait leur chant, versait sur eux une rosée rafraîchissante et ôtait aux flammes leur ardeur. A la vue de ce prodige dont ils étaient témoins, les ministres disent au roi : O roi, venez et voyez. La fournaise est tout embrasée de soufre et de bitume ; les flammes s’élancent furieuses, et les corps n’en subissent aucune atteinte ; quelque chose est donc venu s’ajouter au nombre précédent. À cette nouvelle le roi accourt plein de joie et d’allégresse, et avant qu’il arrivât à la fournaise, une grande lumière brillait dans son cœur. Il dit à ses amis : « N’avons-nous pas jeté dans la fournaise trois hommes chargés de chaînes ? Ses amis lui répondirent : « C’est bien la vérité[1] ». Et le roi, plein de foi, leur dit Mais voici que je vois ce que vous ne voyez pas. Je ne sais quelle ardeur me saisit et inonde mon âme d’une lumière intérieure. Vous pouvez être mes amis, mais vous ne pouvez entrer dans mon cœur. Oui, je vois ce que vous ne voyez pas ; je vois une chose admirable, étonnante. Cette fournaise, destinée à dévorer les hommes dans les flammes, a appris à engendrer des anges. Que votre amitié cesse, parce que la foi est devenue l’amie de mon âme. Je ne veux plus que vous soyez mes amis ; je n’ai plus confiance en vos paroles ; je vois Dieu de mes yeux ; mes yeux sont remplis d’une vision magnifique, parce que le quatrième personnage que j’aperçois est semblable au Fils de Dieu. O mes amis, vous savez comme moi que nous avons jeté trois hommes dans la fournaise ; comment donc puis-je en voir quatre se promener dans les flammes ? Quel est ce mystère ? Un feu divin est entré en moi ; je repousse votre amitié et je possède la foi. Mes frères, conservons cette foi dans nos cœurs, afin que nous y conservions le Saint-Esprit comme les Apôtres.

QUARANTE-QUATRIÈME SERMON. POUR LA PENTECÔTE. (DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Comparaison entre les Apôtres et les enfants dans la fournaise. —2. Le don des langues dans les Apôtres ; leur gloire. —3. Rapprochement entre le Sinaï et le Cénacle. —4. Conclusion.


1. Frères bien-aimés, il n’y a que peu de temps nous avons célébré solennellement le quarantième jour, jour de joie pour l’univers tout entier. Depuis lors les révolutions du globe nous ont donné dix jours, le mystère figuratif s’est accompli, nous nous sommes

  1. Dan. 3, 19