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SEIZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (DIXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. La naissance de Jésus-Christ est pour tous une cause de joie. —2. Jésus-Christ vient pour relever le genre humain.


1. Notre-Seigneur est né aujourd’hui, et toute créature est invitée à la joie par ces paroles du Prophète : « Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaille ; que la mer s’agite et toute sa plénitude[1] ». Par les cieux, entendez les chœurs des anges qui occupent les trônes célestes et qui, apparaissant aux bergers, font entendre cet hymne de joie : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté[2] ». La terre désigne la nature humaine ; et la mer le monde tout entier et tout ce qu’il renferme ; or, c’est à tout cet univers que la naissance de Jésus-Christ a procuré une joie immense. Jésus-Christ est né d’une Vierge, afin que nous naissions du Saint-Esprit. Celui qui a été engendré du Père avant tous les siècles, est né aujourd’hui d’une mère vierge. Engendré par Marie, il est demeuré dans le Père. Celui qui est éternellement a été fait ce qu’il n’était pas en demeurant ce qu’il était. Il n’était pas homme, et il s’est fait homme, selon cette parole de l’Apôtre : « Il est né d’une vierge, il s’est soumis à la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi[3] » ; mais il est demeuré ce qu’il était, c’est-à-dire Dieu. Sa naissance selon la chair a été le principe de notre salut, mais sans le priver de quoi que ce soit ; car elle nous a procuré l’adoption des enfants de Dieu, et Jésus-Christ est resté essentiellement dans la divinité avec le Père.
2. Celui qui était la grandeur infinie s’est abaissé, afin de nous relever de notre profond abaissement. En effet, avant la venue du Sauveur, la nature humaine gisait accablée sous le poids du péché. Il est vrai que c’était par sa volonté propre que l’homme s’était courbé sous le joug, mais il ne pouvait se relever par ses propres forces. Cet esclavage sous lequel gémissait la nature humaine nous est dépeint dans ces paroles du Prophète : « Je suis devenu malheureux, je suis écrasé jusqu’à la fin, et je marchais attristé pendant tout le jour[4] ». « Pendant tout le jour », c’est-à-dire pendant les siècles qui ont précédé la venue du Sauveur ; car alors le genre humain marchait tristement courbé

  1. Ps. 97, 7
  2. Lc. 2, 14
  3. Gal. 4, 4,5
  4. Ps. 37, 7