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Enfin, montrez-moi comment Dieu remplit de chair le vide laissé par la disparition de la côte, et moi je vous montrerai comment Jésus-Christ est sorti du sein de Marie sans y laisser aucune trace. Mais vous ne pourrez satisfaire à ma demande ; car où la puissance divine n’a laissé aucun vestige, vous ne sauriez en trouver ; de même vous ne pouvez découvrir aucune corruption en Marie, puisque Dieu a voulu cacher à tous les regards ce que vous cherchez.
27. Chrétiens, levez-vous donc joyeux et répandez-vous en louanges aux pieds du Seigneur. Que les accents de votre reconnaissance remplissent l’Église de Dieu, le temple de Jésus-Christ, la demeure du Saint-Esprit. Entrez dans l’étable de votre Créateur, visitez la crèche de votre Sauveur, baisez les haillons du Pasteur éternel, et prenez dans vos bras ce Dieu devenu petit enfant. Venez adresser avec moi des louanges à la Vierge sainte, à la Mère véritable restée pure dans son enfantement, et rehaussant sa beauté par l’intégrité de sa pudeur. Louez avec les cieux, louez avec les anges, louez avec toutes les vertus, louez avec tous les éléments de la nature. Ne cessez pas, ne vous lassez pas de chanter la gloire du Sauveur : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté[1] ».

HUITIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Naissance inénarrable de Jésus-Christ. —2. Réfutation de l’impiété des Juifs. —3. À la fin des temps le Fils de Dieu est venu comme législateur.


1. Frères bien-aimés, quand il s’agit de célébrer la grandeur du mystère de notre salut, le prodige de la naissance du Sauveur, l’humanité doit avouer l’impuissance de ses conceptions et de sa parole. A un tel bienfait, à cette grâce infinie, que peut répondre la faiblesse de notre dévotion ? Comment concevoir que le Fils unique, consubstantiel au Père, éternel comme le Père, redoutable au ciel, à la terre et aux enfers, ait voulu se revêtir d’un corps humain pour opérer le salut de l’homme ? Quelle langue pourra raconter ce que l’intelligence ne saurait comprendre ? Quel homme tenterait de juger ce qui n’a pour auteur et pour témoin que Dieu lui-même ? « Car personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père[2] ». Comment la fragilité humaine, corrompue par le péché, pourrait-elle sonder le secret de cette Nativité virginale ? Jésus-Christ naît, non point par la nécessité de vivre, mais par sa volonté de nous sauver. Il naît parmi les morts, lui qui donne la vie aux morts. Nous ne devons pas douter de l’accomplissement de cette Prophétie formulée par le plus grand des prophètes sous l’inspiration du Saint-Esprit : « Voici qu’une Vierge concevra dans son sein, et enfantera un Fils[3] ». Qu’une femme enfante, c’est l’objet de notre foi à l’incarnation ; mais que cette femme ait toujours été vierge, c’est le principe d’une gloire éternelle pour celui qu’elle nomme son Fils. Jésus-Christ naît d’une vierge, car il notait pas convenable que la vertu prît naissance dans la volupté, la chasteté

  1. Lc. 2, 14
  2. Mt. 11, 27
  3. Isa. 8, 14