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appuyée sur des témoignages irrécusables. —9. Dieu a voulu naître, afin de pouvoir mourir et de nous sauver de l’enfer par sa mort. —10. Perpétuelle virginité de Marie. —11. Le sein de Marie en quelque sorte digne de Dieu. —12. Marie a conçu dans la virginité, et elle a enfanté par la vertu du Dieu tout-puissant. —13. Dieu n’a pu être souillé dans le sein de Marie. —14. Exemple d’Élie et des corbeaux. —15. Exemple tiré du soleil. —16. Pureté du sein de Marie. —17. Le lieu dans lequel Dieu apparut à Moïse a été par cela même sanctifié, combien plus le sein de Marie. —18. Le Fils de Dieu entre dans le sein de Marie comme dans une fournaise ardente. —19. Celui qui a fait germer la verge d’Aaron a pu naître d’une vierge. —20. Récit de ce fait. —21. Application à la maternité de Marie. —22. Comment l’incarnation a été immaculée. —23. Le fruit de la verge. —24. Paroles d’Isaïe : « Une Verge sortira de la souche de Jessé ». —25. Témoignages d’Ézéchiel, d’Isaïe et de David. —26. Celui qui a soustrait une côte au premier homme pour en former la première femme en dehors de toute concupiscence, a pu naître d’une vierge. —27. Les chrétiens doivent se réjouir de cette nativité miraculeuse.

1. Comment ne rougirais-je pas de parler, quand le saint dont on vient de lire le témoignage trouve plus à propos de se renfermer dans son silence ? Toutefois la honte ne saurait nous arrêter, car la foule pieuse ici réunie, les élans de sa dévotion, l’éclat que projette en ce jour la vérité et la foi, les honneurs avec lesquels vous célébrez la fête de la naissance du Seigneur, tout cela ne condamnerait-il pas une torpeur exagérée ? Notre devoir nous jette dans l’embarras ; la charité me presse de vous être agréable, la solennité me commande de porter la parole, votre sainteté provoque ma présence dans cette chaire.

2. Le devoir, ai-je dit, me jette dans l’embarras, et voyez ce que dit le Seigneur : « Si quelqu’un vous oblige à l’accompagner pendant mille pas, faites-en encore deux autres mille avec lui[1] ». J’obéis ; je ne puis résister à la parole du Seigneur, je m’incline devant ce jugement ; on me conduit à un mille, j’en offre trois. La Trinité sera l’objet de ma course. Dieu m’appelle à l’unité, je l’accompagne jusqu’à la Trinité. Une même intention dirige le maître et l’esclave, car il est nécessaire que celui qui me commande marche avec moi. « Si quelqu’un vous entraîne à mille pas, faites-en deux mille avec lui ». O bienheureuse contrainte, qui, loin de me faire injure, me conduit à la gloire ! Un et deux ; trois en un. Quatre chemins nous conduisent à la patrie, parce que les quatre Évangiles nous initient aux mystères de la Trinité. D’un nous allons à trois, et en courant les trois nous revenons à un. Mais nous ne finissons pas dans l’unité qui est trois. Dans cette voie que nous parcourons, je vois couler trois sources. À ces mots l’hérétique relève la tête ; on dirait qu’il a entendu ce qu’il désire, qu’il entende donc aussi ce qu’il ne veut pas. Je dis donc que je vois couler trois sources, mais il n’y a qu’un seul récipient qui se verse dans ses trois déversoirs, parce que la Trinité reflue dans l’unité ; voilà pourquoi, en buvant à une source, nous buvons aux trois. Toutefois que personne ne se contente d’une seule et qu’il use de toutes les trois afin qu’il aspire d’une manière plus parfaite le goût de l’unité.

3. Nous connaissons cette belle parole du Sauveur : « Allez, enseignez toutes les nations, et les baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit[2] ». Quel est donc le nom du Père ? Dieu. Quel est le nom du Fils ? Dieu. Quel est le nom du Saint-Esprit ? Dieu. Dieu un, car il n’a pas été dit aux noms, mais : « au nom », pour exclure la pluralité de nature. Un seul Dieu, Père et Fils et Saint-Esprit, selon ce témoignage de l’Apôtre : « Car le Seigneur notre Dieu est un seul Dieu. Il n’y a de médiateur qu’entre plusieurs personnes, mais Dieu est unique[3] ». Ce qui est individuel dans l’unité de nom, n’est l’objet d’aucune distinction dans l’égalité de la nature. Le Fils est engendré du Père ; le Saint-Esprit procède du Père ; le Fils et le Saint-Esprit sont dans le Père ; le Saint-Esprit et le Père sont dans le Fils ; il n’y a qu’une seule et même divinité, le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Il n’y a aucune division dans l’unité, ni de distinction de nature dans la Trinité ; une personne n’est ni inférieure ni supérieure à l’autre ; la plénitude de la divinité dans toute sa perfection, son unité et son intégrité, appartient à chacune des trois personnes. Voilà que nous parcourons les trois mille, au-delà nous ne trouvons plus rien.

4. Toutefois, ne craignons pas de recourir à des comparaisons pour jeter plus de lumière sur notre foi, malgré la distance infinie qui sépare la créature du créateur. S’il répugnait à quelqu’un d’entendre parler de pluralité quand il s’agit de la divinité, je citerais l’or qui n’admet pas de pluralité dans le nom et qui cependant se divise en différentes espèces,

  1. Mat. 5, 41
  2. Mt. 18, 19
  3. Rom. 3, 30