Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

en propre au Saint-Esprit [1] ; quoique le Père soit esprit et le Fils également, par la raison que Dieu est esprit ; quoique le Père soit saint, et le Fils aussi, néanmoins, l’Esprit de l’un et de l’autre s’appelle proprement le Saint-Esprit. Sous l’empire de la loi, quel temps fut le premier sanctifié, sinon le septième jour ? En effet, Dieu n’a sanctifié ni le premier jour, puisqu’alors il a créé la lumière ; ni le second, puisqu’il a fait le firmament ; ni le troisième, car à cette époque le Seigneur a séparé la mer de la terre, et celle-ci a commencé à produire de l’herbe et des arbres ; ni le quatrième : en ce jour, en effet, les astres sont sortis du néant ; ni le cinquième, qui a vu naître les habitants des eaux et les habitants des airs ; ni le sixième, où sont nés les animaux qui vivent sur terre, et l’homme lui-même ; mais le Seigneur a sanctifié le septième, où il s’est reposé de tous ses travaux[2]. C’est donc à juste titre que le nombre sept représente le Saint-Esprit. Le prophète Isaïe s’exprime dans le même sens : « L’Esprit de Dieu », dit-il, « se reposera sur lui », et il compte jusqu’à sept le nombre de ses opérations ou de ses dons : « Esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété ; et l’esprit de la crainte du Seigneur le remplira[3] ». Que lisons-nous dans l’Apocalypse ? N’y est-il point parlé des sept Esprits de Dieu [4] ? Et, pourtant, il n’y a qu’un seul et même Esprit qui partage ses dons aux uns et aux autres selon son bon plaisir [5]. Le Saint-Esprit, qui a inspiré l’écrivain sacré, a lui-même désigné, sous le nom de sept Esprits, les sept manières dont opère le même Esprit. Le Saint-Esprit s’adjoignant à la loi, et ajoutant ainsi le nombre sept au nombre dix, il en résulte le nombre dix-sept. Si tu comptes tous les nombres depuis un jusqu’à dix-sept, et les additionnes ensemble, tu arriveras au chiffre total de cent cinquante-trois. À un, ajoute deux, et tu auras trois ; ce nombre, plus trois et quatre, fait la somme de dix : joins-y tous les nombres qui suivent jusqu’à dix-sept, tu trouveras pour total le nombre précité ; c’est-à-dire, depuis un jusque quatre, tu as dix ; dix et cinq font quinze ; quinze et six vingt-un ; vingt-un et sept, vingt-huit ; vingt-huit et huit, et neuf, et dix, cinquante-cinq ; cinquante-cinq et onze, et douze et treize quatre-vingt-onze ; quatre-vingt-onze et quatorze, et quinze et seize, cent trente-six ; enfin, à ce nombre, ajoute celui qui reste et dont il s’agit, c’est-à-dire dix-sept, et tu obtiendras le chiffre total des poissons. Ce nombre ne représente pas uniquement les élus qui ressusciteront pour la vie éternelle, et ne veut pas dire qu’ils seront seulement cent cinquante-trois : il représente aussi les milliers de saints qui vivent sous l’empire de la grâce de l’Esprit : cette grâce s’accorde avec la loi de Dieu comme avec un adversaire ; ainsi, l’Esprit vivifie et la lettre ne tue pas ; ce que la lettre commande s’accomplit avec le secours de l’Esprit, et si on ne l’observe point parfaitement, cette omission est pardonnée. Tous ceux qui se trouvent soumis à l’influence de cette grâce, ce nombre les figure donc, c’est-à-dire qu’il les représente figurativement il est composé de trois fois cinquante, plus trois, qui représentent le mystère de la Trinité : le nombre cinquante est formé par le résultat de sept multiplié par sept, auquel on ajoute un ; car sept fois sept font quarante-neuf. On y ajoute un, pour signifier que celui qui est symbolisé par sept à cause de ces sept opérations, est un : nous le savons, le Saint-Esprit a été envoyé le cinquantième jour après la résurrection du Sauveur, il avait été promis aux disciples, et ils avaient reçu l’ordre de l’attendre[6].
9. L’Évangéliste n’a pas indiqué sans raison le nombre et la grosseur des poissons recueillis, ou, en d’autres termes, il n’a pas dit sans motif qu’il y en avait cent cinquante-trois, et qu’ils étaient énormes. En effet, voici comment il s’exprime : « Et il tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois poissons ». Le Sauveur avait dit : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir », car il devait donner l’Esprit, avec l’aide duquel la loi pourrait être accomplie, et par là il devait, en quelque sorte, ajouter sept à dix ; puis, après quelques autres réflexions, il avait ajouté : « Celui qui violera l’un de ces moindres commandements, et qui enseignera ainsi les hommes, sera le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui fera et enseignera, sera appelé grand dans le royaume des cieux ». Celui-ci peut être du nombre des gros poissons. Pour le premier, qui viole

  1. Jn. 4, 24
  2. Gen. 1, 2-3
  3. Isa. 11, 2-3
  4. Apoc. 3, 1
  5. 1 Cor. 12, 11
  6. Act. 2, 2-4 ; 1, 4