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(lui-même évidemment, mais désigné comme s’il était un personnage différent) courut plus vite et arriva le premier au sépulcre.

8. « Et s’étant baissé, il vit les linceuls à terre ; cependant il n’entra pas. Simon Pierre, qui le suivait, vint et entra dans le sépulcre et il vit les linceuls à terre, et le suaire mis sur sa tête, séparé des linceuls, était plié en un autre lieu ». Pensons-nous que tout cela ne signifie rien ? Ce n’est pas du tout mon avis. Mais nous nous hâtons de passer à d’autres endroits, sur lesquels il faudra nous arrêter en raison de leur obscurité ou des difficultés auxquelles ils donnent lieu. Pour les passages qui sont clairs par eux-mêmes, c’est un saint plaisir de chercher leur signification jusque dans les moindres détails ; mais ce plaisir appartient aux gens désœuvrés, et nous ne le sommes pas.

9. « Alors donc entra aussi cet autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre ». Il était arrivé le premier et il entra le dernier. Ce fait a certainement son importance ; ce qui suit ne m’en semble pas non plus dénué. « Et il vit, et il crut ». Plusieurs, examinant avec peu de soin ces paroles, s’imaginent que ce que Jean a cru alors, c’est que Jésus était ressuscité ; mais la suite ne le fait nullement supposer. Que signifie en effet ce qu’ajoute l’Évangéliste ? « Ils ne savaient pas encore ce qui est dans l’Écriture ; qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts ». Jean n’a donc pu croire que Jésus fût ressuscité, puisqu’il ignorait qu’il dût ressusciter. Qu’a-t-il donc vu ? Qu’a-t-il cru ? Il a vu que le sépulcre était vide, et il a cru ce que lui avait dit la femme, c’est-à-dire qu’on l’avait enlevé du sépulcre. « Ils ne savaient pas encore ce qui est dans l’Écriture, qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts ». Quand il leur en parlait lui-même, le Sauveur avait beau s’exprimer de manière à ne leur laisser à cet égard aucun doute ; ils étaient tellement habitués à l’entendre parler en paraboles, qu’ils ne le comprenaient pas, et qu’à leur sens il les entretenait de tout autre chose. Mais, dans un autre discours, nous vous expliquerons ce qui suit.

CENT VINGT-ET-UNIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CET ENDROIT : « LES DISCIPLES RETOURNÈRENT DONC CHEZ EUX », JUSQU’À CET AUTRE « BIENHEUREUX CEUX QUI N’ONT POINT VU ET QUI ONT CRU ». (Chap. 20,10-29.)

APRÈS LA RÉSURRECTION DE JÉSUS.

Pierre et Jean étant retournés chez eux, Marie-Madeleine revint, en pleurant, au tombeau du Sauveur. Elle y vit deux anges, et, en se retournant, elle aperçut le Christ sous la forme d’un jardinier. « Ne me touche pas », lui dit Jésus : alors, elle figurait l’Église des Gentils, ou ceux qui ne touchent pas spirituellement Notre-Seigneur. Ensuite, elle revint annoncer aux Apôtres ce qu’elle avait vu, et Jésus lui-même leur apparut plusieurs fois pour les convaincre, eux et Thomas surtout, de la réalité de sa résurrection.

1. Le Seigneur a été enlevé du sépulcre ! Telle fut la nouvelle apportée à ses disciples, Pierre et Jean, par Marie-Madeleine ; ils vinrent à l’endroit où Jésus avait été enseveli, et ne trouvèrent que les linceuls dans lesquels le corps avait été enveloppé ; purent-ils croire alors autre chose que ce qu’elle leur avait annoncé, que ce qu’elle avait cru elle-même ? « Les disciples retournèrent donc chez eux de nouveau », c’est-à-dire à la maison qu’ils habitaient et qu’ils avaient quittée pour courir au sépulcre. « Mais Marie se tenait hors du sépulcre, pleurant ». Les hommes s’en retournant chez eux, le sexe le plus faible se trouvait comme cloué à la même place par un sentiment d’amour plus fort que lui. Les yeux qui avaient cherché à le découvrir sans réussir à le voir, se mouillaient