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Grecs il s’éleva des murmures à propos du service des tables, Paul n’avait pas encore cru en Jésus-Christ ; mais les Apôtres, qui s’étaient attachés dès le commencement au Seigneur, répondirent : « Il n’est pas bon que nous abandonnions la parole de Dieu pour le service des tables[1] ». Alors ils s’occupèrent d’ordonner des diacres pour n’être pas eux-mêmes détournés du devoir de prêcher la parole. C’est donc avec raison qu’on a appelé leur parole cette parole de la foi par laquelle tous ont cru en Jésus-Christ ou croiront en lui, n’importe d’où elle soit venue ou d’où elle vienne. Donc, dans sa prière, notre Rédempteur s’est occupé de tous ceux qu’il a rachetés, soit qu’ils fussent alors vivants dans leur chair, soit qu’ils ne dussent le devenir que plus tard. Car, en priant pour les Apôtres qui étaient alors avec lui, il y a joint ceux qui, par leur parole, devaient croire en lui. Mais ce que Notre-Seigneur dit ensuite mérite d’être traité à part dans un autre discours.

CENT DIXIÈME TRAITÉ.

DEPUIS LES PAROLES SUIVANTES : « AFIN QUE TOUS SOIENT UN, ETC. », JUSQU’À CES MOTS : « ET VOUS LES AVEZ AIMÉS, COMME VOUS M’AVEZ AIMÉ MOI AUSSI ». (Chap. 17,21-23.)

L’UNION ENTRE LES FIDÈLES.

Pour nous, comme pour les fidèles, Jésus demande l’union avec Dieu par la foi, et entre nous par la charité, et comme fruit de cette union, la connaissance de ce que nous croyons, la vue de la gloire de Jésus-Christ. Afin de nous élever à ce degré de science, il nous faut la grâce qui nous égale aux anges, et le Christ la demande aussi pour nous.

1. Quand le Seigneur Jésus eut prié pour ceux de ses disciples qu’il avait alors avec lui, il y joignit aussi les autres par ces mots : « Je ne prie pas seulement pour ceux-là, mais aussi pour ceux qui, parleur parole, doivent croire en moi ». Et comme si nous lui avions demandé pourquoi il priait en leur faveur, il ajoute aussitôt : « Afin que tous ils soient un, comme vous, Père, vous êtes en moi et moi en vous, que de même ils soient un en nous[2] ». Déjà, lorsqu’il priait pour les disciples qu’il avait avec lui, il disait : « Père saint, gardez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous-mêmes ». Il demande donc maintenant pour nous ce qu’il demandait alors pour ses autres disciples, à savoir que tous, eux et nous, nous ne soyons qu’un ; et ici il faut remarquer avec soin que Notre-Seigneur ne dit pas que nous soyons un, mais bien : « Que tous soient un, comme vous, mon Père, en moi et moi en vous » ; sous-entendu, nous sommes un. Il le dit, du reste, ensuite plus ouvertement ; déjà il avait dit en parlant des disciples qui étaient avec lui : « Afin qu’ils soient un comme nous ». Le Père est dans le Fils et le Fils est dans le Père, de telle sorte qu’ils ne sont qu’un, parce qu’ils ne sont qu’une seule substance. Pour nous, nous pouvons être en eux, mais nous ne pouvons être un avec eux, parce que nous n’avons pas avec eux une seule substance ; en effet, le Fils est Dieu avec le Père ; en tant qu’homme, il est de la même substance que nous. Mais ici il veut plutôt faire allusion à ce qu’il a dit en un autre endroit : « Le Père et moi nous sommes un[3] ». Par là, il montre que le Père et lui ont la même nature. Aussi, quand le Père et le Fils, et même le Saint-Esprit, sont en nous, nous ne devons pas penser qu’ils aient avec nous la même nature. Ils sont en nous ou bien nous sommes en eux, de façon qu’ils sont un dans leur nature et que nous sommes un dans la nôtre. En effet, ils sont en nous

  1. Act. 6, 1-4
  2. Jn. 17, 11
  3. Jn. 10, 30