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QUARANTE-NEUVIÈME TRAITÉ.

DEPUIS L’ENDROIT OÙ IL EST DIT : « OR IL Y AVAIT UN MALADE NOMMÉ LAZARE », JUSQU’À : « IL S’EN ALLA DANS LE PAYS QUI EST PRÈS DU DÉSERT, DANS LA VILLE QUI EST APPELÉE EPHREM, ET LÀ IL DEMEURAIT AVEC SES DISCIPLES ». (Chap. 11,1-54.)

RÉSURRECTION DE LAZARE.

Le Christ a ressuscité trois morts pour manifester sa puissance. La mort corporelle est l’image de la mort spirituelle, avec cette différence, néanmoins, qu’on redoute l’une et qu’on ne craint guère l’autre : la résurrection des corps est aussi l’emblème de celle des âmes par la foi. Si la fille de Jaïre et le fils de la veuve de Naïm figurent les pécheurs non invétérés de pensée et d’action, Lazare représente ceux qui se trouvent plongés dans la corruption de mauvaises habitudes. Sa résurrection miraculeuse devait être une preuve de la divinité du Christ. En raison de la mauvaise volonté des Pharisiens, les Apôtres voulaient le dissuader de se rendre à Béthanie, mais Jésus, après les avoir rappelés au devoir, et leur avoir appris ce qu’est la mort avant le jour du jugement, s’en alla, et ils le suivirent. Avant de ressusciter Lazare, il déclara à Marthe qu’il est principe de vie pour le corps et pour l’âme ; que quiconque croit, vivra toujours de la vie de la grâce. Arrivé prés de Marie, il frémit et pleura pour donner au pécheur l’exempte de ce qu’il doit faire pour revenir à la vie de l’âme. La suite indique comment les esclaves des mauvaises habitudes parviennent à en obtenir le pardon et à en sortir. À la suite de ce miracle eurent lieu et un grand émoi parmi les Pharisiens, et la prophétie de Caïphe.


1. De tous les miracles opérés par Notre-Seigneur Jésus-Christ, le plus célèbre est la résurrection de Lazare. Mais si nous en remarquons bien l’auteur, nous devrons bien plus nous en réjouir que nous en étonner. C’est celui qui a créé l’homme qui a ressuscité un homme ; car il est le Fils unique du Père, et par lui, vous le savez, toutes choses ont été faites. Si donc c’est par lui qu’ont été faites toutes choses, y a-t-il rien d’étonnant à ce qu’un homme ait été ressuscité par lui, quand tant d’hommes naissent chaque jour par l’effet de sa puissance ? C’est bien plus de créer les hommes que de les ressusciter. Cependant il a daigné créer et ressusciter ; créer tous les hommes et en ressusciter quelques-uns. Car le Seigneur Jésus a fait beaucoup de choses ; mais toutes n’ont pas été écrites ; l’Évangéliste Jean lui-même nous atteste que le Seigneur Jésus a fait et dit beaucoup de choses qui n’ont pas été écrites [1] : on choisit de préférence, pour les écrire, les choses qui paraissaient suffire au salut des croyants. Tu as entendu que le Seigneur Jésus a ressuscité un mort : il te suffit de savoir que, s’il avait voulu, il aurait ressuscité tous les morts ; mais il s’est réservé de le faire à la fin du monde. Car pour lui qui, comme vous l’avez appris, a par un grand miracle fait sortir vivant du tombeau un mort qui y était renfermé depuis quatre jours, « l’heure viendra », comme il dit lui-même, « où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et sortiront ». Il a ressuscité un mort déjà tombé en putréfaction ; mais cependant ce cadavre infect avait encore la forme de corps humain ; mais au dernier jour, c’est avec des cendres que d’un seul mot il reconstituera des corps. Il fallait néanmoins qu’en attendant il fît quelques miracles qui nous fussent donnés comme des marques de sa puissance, afin que nous croyions en lui, et que nous nous préparions à cette résurrection, qui sera pour la vie et non pour la condamnation. Car voici ce qu’il dit : « L’heure viendra où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et ceux qui auront bien fait sortiront pour la résurrection de la vie ; ceux qui auront mal fait, pour la résurrection du jugement[2] ».
2. Nous lisons crans l’Évangile que trois morts ont été ressuscités par le Seigneur, et ce n’est assurément pas sans raison ; car les œuvres du Seigneur ne sont pas seulement des actions, elles sont aussi des signes. Si donc elles sont des signes, outre qu’elles ont un côté admirable, elles nous indiquent certainement aussi quelque chose de caché à nos yeux. Mais trouver ce que signifient ces actions offre parfois plus de difficulté que de les lireou de

  1. Jn. 20, 30
  2. Jn. 5, 28, 29