si ce que tu loues a produit sur ton âme quelque impression. Sers-toi du monde, mais n’en deviens pas l’esclave. Tu y es entré, tu y fournis ta carrière, tu y es venu, non pour y rester, mais pour en sortir : tu y fais ton chemin, mais il n’est pour toi qu’une hôtellerie. Use des richesses, comme le voyageur, arrêté dans une hôtellerie, use de la table, du verre, de l’amphore, du lit dont il ne se sert qu’en passant, puisqu’il doit bientôt partir. Si vous êtes tels que je viens de le dire, que ceux d’entre vous qui le peuvent, élèvent leur cœur et m’écoutent ; si vous êtes ce que j’ai dit, vous arriverez à posséder ce que le Christ vous a promis. De votre côté, nul besoin de grands efforts, car celui qui vous a appelés est tout-puissant. Il vous a appelés, invoquez-le ; dites-lui : Vous nous avez appelés, nous vous invoquons : nous avons entendu votre voix, écoutez notre prière : conduisez-nous à la récompense que vous nous avez promise, achevez en nous ce que vous y avez commencé ; ne délaissez point vos dons, ne négligez pas votre champ : que votre moisson trouve un jour place dans vos greniers. Ici-bas les épreuves surabondent, mais celui qui a créé le monde, est plus fort qu’elles. Les épreuves surabondent, mais on n’y succombe pas, lorsqu’on espère en Celui qui n’est sujet à aucune défaillance.
1. Je vous ai, mes frères, adressé cette exhortation, parce que la liberté, dont nous parle Notre-Seigneur Jésus-Christ, n’est pas de ce monde. Voyez ce qu’il a ajouté : « Vous serez vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Qu’est-ce à dire : « Elle vous affranchira ? » Elle vous rendra libres. Enfin, les Juifs charnels, et qui jugeaient des paroles du Sauveur dans un sens charnel, non pas ceux qui croyaient en lui, mais ceux de l’assemblée qui n’y croyaient pas, se regardèrent comme insultés, parce qu’il leur avait dit : « La vérité vous affranchira ». Ils s’irritèrent donc de ce que le Sauveur les avait traités d’esclaves : Pourtant, ils en étaient de véritables : aussi leur explique-t-il en quoi consiste l’esclavage, et leur fait-il connaître les caractères de la liberté qu’il promet pour l’avenir. Mais, pour aujourd’hui, il serait trop long de disserter de cette liberté et de cette servitude.
QUARANTE ET UNIÈME TRAITÉ.
DEPUIS CE PASSAGE : « JÉSUS DISAIT DONC AUX JUIFS QUI AVAIENT CRU EN LUI », JUSQU’À CET AUTRE : « SI DONC LE FILS VOUS AFFRANCHIT, VOUS SEREZ LIBRES ». (Chap. 8,31-36.)
LA LIBERTÉ.
Le Sauveur ayant dit que la vérité affranchirait ceux qui croiraient en lui, ses interlocuteurs en prirent occasion de s’irriter, comme si le peuple juif n’avait jamais subi et ne subissait pas encore le joug de l’étranger. S’ils avaient été moins charnels, ils auraient compris qu’il n’était nullement question d’un esclavage matériel. Jésus-Christ avait voulu parler de la servitude spirituelle du péché, car dans l’état de péché on ne s’appartient plus, on est aux ordres de ses passions, et l’unique moyen d’y échapper, c’est de suivre la voie des commandements et des exemples du Sauveur ; à mesure qu’on s’avance dans le chemin des vertus chrétiennes, on s’émancipe on devient plus libre, mais la liberté ne devient complète qu’au moment où l’on contemple la vérité en face dans le ciel
1. Les passages du saint Évangile qui terminaient la leçon précédente, vous ont été lus aujourd’hui. Je n’ai pas voulu vous les expliquer dans ma dernière instruction, car je vous avais déjà longuement entretenus, et il m’était, d’autre part, impossible de passer sous silence ou de traiter légèrement la question de la liberté à laquelle nous appelle la grâce du Sauveur. C’est pourquoi j’ai résolu de vous parler aujourd’hui avec l’aide de