Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/594

Cette page n’a pas encore été corrigée

à ses disciples qui le voyaient s’élever : « Il reviendra du ciel, de la même manière que vous l’y avez vu monter[1] ». Quand il jugera, il sera revêtu de la même chair qu’au moment où il a été jugé. Ainsi se trouvera encore accomplie cette prophétie : « Ils verront Celui qu’ils ont fait mourir[2] » Lorsque les justes entreront dans la vie éternelle, nous le verrons tel qu’il est ; mais alors, il ne jugera plus les vivants et les morts, il deviendra la récompense des vivants.
13. Que personne ne se scandalise davantage de ces autres paroles du Sauveur : « Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est véritable », et, parce qu’il n’a pas dit : Dans la loi de Dieu, que personne ne s’imagine que cette loi ne l’avait pas pour auteur. En se servant de ces expressions : « Dans votre loi », il a voulu dire : Dans la loi qui vous a été donnée ; par qui, sinon par Dieu lui-même ? Nous nous exprimons de la même manière en disant : « Notre pain quotidien », puisque nous ajoutons : « Donnez-nous aujourd’hui [3] ».

TRENTE-SEPTIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CE PASSAGE : « ILS LUI DISAIENT DONC : OÙ EST TON PÈRE ? » JUSQU’À CET AUTRE « ET NUL NE SE SAISIT DE LUI, PARCE QUE SON HEURE N’ÉTAIT POINT ENCORE VENUE ». (Chap. 8, 19-20.)

LE CHRIST, SEMBLABLE AU PÈRE.

N’envisageant en Jésus-Christ que son humanité, ses ennemis lui demandent où est ton Père. Le Sauveur leur répond sévèrement que s’ils le connaissaient lui-même, ils connaîtraient par là même son Père. En effet, il est semblable à lui, de même nature que lui, une seule et même chose avec lui, en tant que Dieu ; quoique différents de personne, ils sont donc tous deux pareils. Confondus, mais non convaincus par ces paroles, les Juifs se retirent sans lui faire de mal, parce que le moment qu’il a librement choisi comme maître du monde, des astres et des hommes, n’est pas encore venu pour lui de mourir en notre faveur.


1. Nous ne devons point passer brièvement sur ce passage si court de l’Évangile, dont on vient de vous donner lecture. il faut que l’on comprenne bien ce que l’on a entendu. Le Sauveur a dit peu de paroles, mais quelles admirables choses en ce peu de mots ! Paroles remarquables, non à cause du nombre, mais en raison de leur importance ; paroles dont le petit nombre ne doit pas nous inspirer le mépris, mais que leur grandeur recommande à notre sagacité. Ceux d’entre vous qui se trouvaient hier ici, le savent pour nous avoir entendu ; nous avons expliqué, selon la mesure de nos forces, ces paroles de Jésus-Christ : « Vous jugez selon la chair ; pour moi je ne juge personne ; mais si je juge, mon jugement est véritable ; car je ne suis pas seul, et le Père, qui m’a envoyé, est avec moi : Il est écrit, dans votre loi, que le témoignage de deux témoins est vrai. Je rends témoignage de moi-même, et le Père, qui m’a envoyé, rend témoignage de moi [4] ». Hier, comme je viens de le dire, j’ai parlé à vos oreilles et à vos esprits au sujet de ce passage de l’Évangile. Après que le Sauveur se fut exprimé ainsi, ceux qui avaient entendu ces mots : « Vous jugez selon la chair », en donnèrent la preuve convaincante. Jésus les avait entretenus de Dieu, son Père ; pour eux, ils lui répondirent en ces termes : « Où est ton Père ? » À l’idée du Père du Christ, ils donnaient un sens charnel, parce qu’ils jugeaient, selon la chair, des paroles du Sauveur. Par l’apparence, celui qui s’adressait à eux était un homme : s’ils avaient pénétré sous ces dehors, ils y auraient trouvé le Verbe : homme visible,

  1. Act. 1, 11
  2. Zach. 12, 10 ; Jean, 19, 37
  3. Mt. 6, 11
  4. Jn. 8, 15-18