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la Trinité, ils se sont laissé conduire par les illusions erronées de leur cœur. Pour nous, qui adorons la Trinité, l’union du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et une seule substance divine, comprenons bien que la doctrine du Christ ne vient pas de lui. Il a dit qu’il ne parlait pas de lui-même, parce que le Christ est le Fils du Père, que le Père est le Père du Christ, que le Fils est Dieu, engendré de Dieu le Père, et que si le Père est Dieu, il n’est pas Dieu engendré de Dieu le Fils.
8. « Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ». Tel sera celui qu’on appelle l’antéchrist : « Il s’élèvera », selon l’expression de l’Apôtre, « au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou ce qui est adoré[1] ». Le Sauveur annonce en ces termes aux Juifs, que l’antéchrist cherchera sa propre gloire, et non celle du Père : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu ; un autre viendra en son propre nom, et vous le recevrez[2] ». Il voulait dire par là qu’ils recevraient l’antéchrist ; l’antéchrist occupé à rechercher la gloire de son propre nom ; l’antéchrist enflé par l’orgueil, et noua pas nourri par la charité ; l’antéchrist destiné, par conséquent, non pas à durer toujours, mais à périr bientôt. Pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, il nous a donné un grand exemple d’humilité. En effet, il est égal à son Père. « Au commencement était « le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Il a dit lui-même, et ses paroles étaient l’expression de la pure vérité : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et vous ne me connaissez pas encore ? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père ». Il a dit encore, et en toute vérité : « Mon Père et moi, nous sommes une même chose[3] ». Il est donc une même chose avec le Père, égal au Père, Dieu de Dieu, Dieu en Dieu, coéternel avec lui, et, comme lui, immortel, immuable dès avant le temps, créateur et dispensateur de ce même temps. Toutefois, il est venu dans le temps, s’est revêtu de la forme d’esclave et a été reconnu pour homme par tout ce qui a paru en lui : il cherche donc la gloire de son Père et non pas la sienne. Alors, ô homme, que dois-tu faire, toi qui cherches ta propre g1oire, quand tu fais un peu de bien, et qui penses à accuser Dieu lorsque tu as quelque épreuve à supporter ? Réfléchis à ce que tu es ; tu es une créature, reconnais donc ton Créateur ; tu es un serviteur, ne méprise donc pas ton Maître. Tu as été adopté, mais non pas en raison de tes mérites ; cherche donc la gloire de Celui qui a bien voulu t’adopter pour Son enfant, et à la gloire de qui a travaillé son Fils unique par nature. « L’homme qui cherche la gloire de Celui qui l’a envoyé, est véridique, et il n’y a point d’injustice en lui[4]  ». Dans l’antéchrist ne se trouvent ni la justice, ni la vérité, parce qu’il cherche sa propre gloire, au lieu de chercher la gloire de Celui qui l’a envoyé, mais il n’a pas été envoyé ; il lui a seulement été permis de venir. Tous ceux d’entre nous qui appartiennent au corps du Christ, doivent donc ne pas chercher leur gloire personnelle, afin de ne point tomber dans les pièges de l’antéchrist ; et si le Sauveur a cherché la gloire de Celui qui l’a envoyé, qu’à bien plus juste titre nous devons chercher la gloire de Celui qui nous a créés !

  1. 2 Thes. 2, 4
  2. Jn. 5, 43
  3. Jn. 14, 9
  4. Id. 10, 30