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et sors ? Crois et confesse ta croyance, car celui qui croit, ressuscite, et celui qui confesse, sort de son sépulcre. Pourquoi disons-nous que celui qui confesse sort de son tombeau ? C’est qu’avant de confesser, il n’était pas connu, tandis que, par sa confession, il quitte les ténèbres pour se montrer nu grand jour. Une fois qu’il a confessé, qu’est-ce que Dieu dit de lui à ses ministres ? Ce qu’il avait dit près du monument funèbre de Lazare : « Déliez-le et laissez-le marcher [1] ». Comment cela ? Parce que le Christ a dit à ses Apôtres : « Ce que vous délierez sur la terre sera délie dans le ciel [2] ».
8. « L’heure vient et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’entendront vivront. » Qui les fera vivre ? La vie. Quelle vie ? Le Christ. Comment prouver qu’ils puiseront la vie dans le Christ ? C’est qu’il a dit lui-même : « Je suis la voie, la vérité, et la vie [3] ». Veux-tu marcher ? « Je suis la voie ». Veux-tu échapper à l’erreur ? « Je suis la vérité ». Veux-tu ne pas mourir ? « Je suis la vie ». Voici ce que te dit le Sauveur : Tu ne peux aller nulle part que vers moi ; tu ne peux marcher que par moi. Cette heure a donc maintenant son cours : tout ce que j’ai dit a aussi lieu ers ce moment, et ne cesse point de se faire. Les hommes qui étaient morts, ressuscitent. à la voix du Fils de Dieu, ils passent à la vie, et, par leur persévérance à croire en lui, ils vivent de lui. Car le Fils est source de vie ; et ceux qui croient en lui viennent y puiser.
9. Mais comment possède-t-il la vie en lui-même ? De la même manière que le Père la possède. Écoute-le, voici ce qu’il te, dit : Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir en lui-même la vie ». Mes frères, je vais vous expliquer de mon mieux ces paroles : elles sont évidemment de nature à porter le trouble dans les intelligences peu développées. Pourquoi le Christ a-t-il ajouté ces mots : « En lui-même ? » Il lui aurait suffi de dire : « Comme le Père a la vie, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie ». Il. a ajouté : « En lui-même ». En effet, le Père a la vie en lui-même, et le Fils aussi la possède en lui-même. Par le fait que Jésus a dit : « en lui-même », il devient évident qu’il a voulu nous insinuer quelque chose ; il est sûr aussi que ces paroles renferment un sens mystérieux et caché. Frappons, et l’on nous ouvrira. O Dieu, que nous avez-vous dit ? Pourquoi avez-vous ajouté : « En lui-même ? » L’apôtre Paul, à qui vous avez communiqué la vie, ne la possédait-il pas ? Indubitablement, il la possédait. Pareillement, les morts auxquels vous rendez la vie, et qui y passent par la foi en votre parole, ne l’auront-ils pas en vous, après ce passage ? Oui, ils l’auront, car tout à l’heure j’ai moi-même expressément dit : « Celui qui écoute mes paroles et croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». Ceux qui croient en vous ont donc la vie éternelle : pourtant, vous n’avez pas dit qu’ils l’ont en eux-mêmes. Mais, en parlant du Père, vous avez dit : « Comme le Père a la vie en lui-même », puis vous avez ajouté relativement à vous : « Ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir en lui-même la vie ». Comme le Père a la vie, ainsi a-t-il donné au Fils de l’avoir. Où l’a-t-il ? « En lui-même ». Où a-t-il donné au Fils de l’avoir ? « En lui-même ». Où Paul l’avait-il ? Non pas en lui-même, mais dans le Christ. Et toi, fidèle, où l’as-tu ? Non pas en toi-même, mais dans le Christ. Voyons si l’Apôtre raisonne de la même manière. « Je « vis, mais ce n’est pas moi qui vis, c’est le « Christ qui vit en moi [4] ». Notre vie, en tant que nôtre, c’est-à-dire en tant que résultat de notre volonté propre, ne sera jamais qu’une vie mauvaise, pécheresse et coupable ; mais notre vie bonne nous vient de Dieu et n’a point sa source en nous-mêmes : c’est Dieu qui nous la donne, et nous sommes incapables de nous la procurer. Pour le Christ, il a la vie en lui-même, comme le Père ; car il est le Verbe de Dieu. Sa vie n’est pas tantôt bonne et tantôt mauvaise, mais l’homme vit tantôt bien et tantôt mal. Celui qui vit mal vit de sa propre vie, et si l’on vit bien, c’est qu’on est passé à la vie du Christ. Avant de participer à sa vie, tu étais étranger à ce que tu as reçu depuis, et seulement susceptible de le recevoir. Quant au Fils de Dieu, il n’y a jamais eu un seul instant où il ait été privé de la vie et où il ait dû la recevoir ensuite ; car, évidemment, s’il la recevait, il ne la posséderait pas en lui-même : Quel est, en effet, le sens du mot : « En lui-même ? » C’est qu’il était la vie même.

  1. Jn. 11, 38-44
  2. Mt. 18, 18
  3. Jn. 14, 6
  4. Gal. 2, 20