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Midi, ce qui a fait dire au Seigneur que lorsqu’il viendra juger, il rassemblera ses élus des quatre vents [1] si donc tu écris ces quatre noms, l’Orient, anatole, l’Occident, dysis,le Nord, arctos, le Midi, mesembria, les premières lettres de ces quatre mots, anatole, dysis, arctos, mesembria, te donneront le nom d’Adam. Mais comment y trouvons-nous aussi le nombre quarante-six ? En ce que le corps de Jésus-Christ venait d’Adam. Chez les Grecs, les lettres servent de chiffres. Notre lettre a, s’écrit dans leur langue, alpha, et s’appelle alpha, un. Si, pour compter un nombre, ils emploient le bêta, qui est leur b, cette lettre représente le chiffre deux ; gamma, trois ; delta, quatre, et ainsi de suite pour toutes les autres lettres. Ce que nous appelons, ils l’appellent my, et cette lettre, dans les nombres, équivaut à quarante, en grec, tessarkonta. Voyez maintenant quel nombre forment les lettres qui composent le nom d’Adam, et vous trouverez les quarante-six années employées à la construction du temple. Le mot Adam se compose d’un alpha, un ; d’un delta, quatre ; ce qui signifie déjà cinq ; puis d’un autre alpha, un ; ce qui fait six ; il y a enfin un my, quarante ; en tout quarante-six. Mes frères, nos anciens pères ont dit tout cela avant nous et ils ont trouvé dans ces quatre lettres le nombre quarante-six. Et parce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a reçu son corps d’Adam, sans en recevoir le péché, il y a pris le temple de son corps sans y prendre l’iniquité qui devait être chassée du temple. Cette chair qu’il a reçue d’Adam (Marie, en effet, descendait d’Adam, et la chair du Seigneur était de Marie), les Juifs l’ont crucifiée. Mais il devait ressusciter après trois jours, ce corps que les Juifs devaient faire mourir sur la croix. Ils ont détruit le temple bâti en quarante-six ans, et lui l’a ressuscité en trois jours.


13. Nous bénissons le Seigneur notre Dieu de nous avoir rassemblés pour nous remplir d’une joie toute spirituelle. Demeurons toujours humbles de cœur, et que notre joie soit en Dieu. Ne nous laissons pas enorgueillir par les prospérités du siècle, mais sachons qu’il n’y aura pour nous de bonheur qu’au moment où seront évanouies toutes les choses du temps. Mes frères, que notre joie ici-bas soit en espérance ; que personne ne la mette dans le présent, de peur de demeurer en chemin. Que l’espérance soit donc la source de toutes nos joies ; que tous nos désirs aient pour objet la vie éternelle. Que tous nos soupirs s’élèvent vers Jésus-Christ : il est l’unique beauté ; il a aimé ceux mêmes que déparait la laideur, afin de les rendre beaux ; souhaitons donc de lui être unis ; dirigeons vers lui seul notre course et nos gémissements, et que ceux-là « disent toujours : Loué soit le Seigneur, qui aiment la paix de son serviteur ».

  1. Mc. 13, 27