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qu’un seul Israël, tous les peuples ne sont qu’un seul peuple en Jésus-Christ. Ce que Dieu a révélé à Jacob et à Israël appartient donc aux nations : et l’on doit regarder comme appartenant aux autres peuples ceux-là seulement qui refusent de croire au Christ, refusent d’abandonner l’olivier sauvage et d’être entés sur l’olivier franc. Elles demeureront dans les forêts, ces branches amères et stériles. Mais que Jacob soit dans la joie. Qu’est-ce que Jacob ? Le supplantateur, car Jacob supplanta son frère[1]. « Une partie d’Israël est tombée dans l’aveuglement, jusqu’à ce que soit entrée la plénitude des nations[2] ». Jacob est donc devenu Israël. Qu’est-ce à dire Israël ? Écoutons ceci, nous tous qui sommes Israël, écoutons ; soit vous qui êtes ici parmi les membres du Christ, soit ceux qui sont au-dehors, sans être dehors néanmoins, soit ceux qui sont parmi les peuples, partout au-dehors et partout à l’intérieur. Qu’Israël écoute lui-même ce Jacob devenu Israël, Que signifie Israël ? Qui voit Dieu. Où verra-t-il Dieu ? Dans la paix. Dans quelle paix ? La paix de Jérusalem ; car c’est Dieu qui a établi tes confins dans la paix. C’est là que nous louerons le Seigneur, nous tous qui ne serons qu’un seul dans un seul et pour un seul, puisque désormais nous ne serons plus dispersés.


DISCOURS SUR LE PSAUME 148

SERMON AU PEUPLE.

L’ESPÉRANCE DANS L’EXIL.

Le temps, qui précède Pâques, temps de pénitence, est le symbole de la vie terrestre, vie pénible, comme le temps qui suit Pâques, temps de joie, est le symbole de la vie du ciel ; de même qu’il y a en Jésus-Christ le temps de la passion et celui de la gloire. Cette vie future a pour refrain l’Alléluia que les méchants peuvent bien chanter avec nous en cette vie, mais non dans l’autre.

Louer Dieu ne se dit pas seulement de la parole, mais aussi de l’action ; et comme un mot du Maître met en moi tout un empire, ainsi le maître qui est en nous fait agir nos membres si c’est Dieu, l’action est bonne ; elle est mauvaise, si c’est le diable.

Tout d’abord, le Prophète invite les créatures du ciel. Or, parmi les créatures, les unes connaissent et aiment Dieu ; d’autres, qui sont sans intelligence, contribuent néanmoins à l’harmonie de l’univers ; et comme elles font louer Dieu, elles-mêmes louent Dieu en quelque manière. Ainsi donc, dans le ciel les esprits, sur la terre les hommes louent Dieu directement ; tandis que les animaux et les plantes sont seulement pour nous une occasion de le louer.

Ce psaume est d’Aggée et de Zacharie qui, pendant la captivité, annonçaient la fin des malheurs et prophétisaient en figure la Jérusalem d’en haut, après la captivité de cette vie pleine de misères. Qu’elles bénissent Dieu, ces créatures du ciel où règne la paix, qui sont l’œuvre de Dieu, qu’a faites le Verbe, qui sont établies pour l’éternité, et qui ont pour précepte de louer Dieu. Nous aussi nous bénirons Dieu nous en avons pour gage son amour qui l’a conduit à la mort, sa chair qui est une portion de nous-mêmes, et qui est glorifiée au ciel. Descendant sur la terre, le Prophète invite à louer Dieu les abîmes ou tout ce qui fournit des eaux dans les airs, et les contient sur la terre, ainsi que les dragons et les éléments inférieurs qui obéissent à la parole de Dieu. Arrière celui qui attribue au hasard tous les phénomènes Dieu, qui a créé l’homme, prend soin d’un faible insecte et donne à chaque contrée ce qui lui convient, le chaque demeure ses habitants. De là ces harmonies qui nous élèvent jusqu’à leur auteur.

Mais pourquoi la foudre va-t-elle frapper les montagnes, et non les voleurs ? Dieu, qui veut la conversion de tous, peut en agir ainsi pour nous ramener par la crainte. Qu’il frappe l’innocent, peu importe, puisque la mort est un bien pour l’innocent. Comment sont morts les martyrs que Dieu aimait ? Ne blâmons rien ; croyons que tout est bien, quoique nous n’en comprenions pas la raison.

Tout ce qui est dans le ciel confesse Dieu, comme tout ce qui est sur la terre ; c’est-à-dire qu’à la vue des créatures ou proclame la gloire de Dieu qui élève la force de son peuple, et cette force est le Christ qui a paru mortel ici-bas, mais qui est ressuscité pour nous ressusciter avec lui. Que tous les saints bénissent Dieu, c’est-à-dire ceux qui s’approchent de Dieu par la foi d’Abraham.


1. Notre occupation en cette vie, mes frères, doit être de louer Dieu, car cette louange du Seigneur constituera le bonheur de notre vie à venir ; et nul ne peut avoir part à cette vie future, s’il ne s’y exerce dès celle-ci. Maintenant donc nous prions Dieu, mais nous

  1. Gen. 27,36
  2. Rom. 11,25