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royaume ? « Le royaume de tous les siècles[1] ». Car le royaume de ce monde a aussi sa beauté ; mais il n’a pas cette grandeur de beauté que nous verrons dans le royaume de tous les siècles. « Et votre domination s’étend de race en race ». C’est une répétition qui comprend en général toutes les générations, ou la génération qui doit venir après cette génération.
17. « Dieu est fidèle dans ses paroles, et saint dans toutes ses œuvres[2] ». Qu’a promis ce Dieu fidèle dans ses paroles, qu’il n’ait point tenu ? « Le Seigneur est fidèle dans ses paroles ». Il est encore des promesses qui ne sont point accomplies, mais croyons en lui d’après ce qu’il nous a déjà donné. « Le Seigneur est fidèle dans ses paroles ». Nous pourrions en croire simplement à sa parole ; il ne l’a pas voulu néanmoins, et nous a donné son Écriture comme une promesse ; comme si tu disais à un homme, en lui faisant une promesse : tu n’en crois point à ma parole, je te fais un écrit. Comme cette génération s’en va et qu’une autre lui succède, et que les siècles voient les hommes paraître et disparaître, l’Écriture de Dieu, sa cédule a dû demeurer, afin que tous les hommes la pussent lire et tenir le chemin de la promesse. Et par quels biens Dieu n’a-t-il point dégagé sa signature ? Les hommes n’osent l’en croire à propos de la résurrection des morts et du siècle à venir, seul point de ses promesses qui ne soit pas accompli ; s’il entrait en raisonnement avec les infidèles, quel infidèle n’aurait pas à rougir ? Que Dieu te dise : Tu as mon billet, j’ai promis qu’il y aurait un jugement, une séparation des bons et des méchants, un règne sans fin pour les fidèles, et tu ne veux pas m’en croire ? Vois dans mon billet tout ce que j’ai écrit, entrons en compte ; certes, en voyant ce que j’ai accompli de mes promesses, tu peux croire que je tiendrai à ce que je dois encore. Dans cet écrit j’ai promis mon Fils, et je ne l’ai point épargné, puisque je l’ai livré pour vous[3] ; il faut donc compter cela comme accompli. Lis encore mon billet : J’ai promis de donner le Saint-Esprit par l’entremise de mon Fils. Encore accompli. J’y ai promis que les martyrs répandraient leur sang et recevraient une couronne de gloire. Encore accompli ; cette masse blanche te prouve que j’ai tenu parole. Mais pour que les martyrs fussent glorifiés comme je l’avais promis dans mon billet, qui porte : « Nous sommes, à cause de vous, livrés à la mort pendant tout le jour[4] » ; pour accomplir cette parole : « Voilà que les nations ont frémi, les peuples ont médité de vains complots, les rois de la terre se sont levés, les princes se sont rassemblés contre le Seigneur et contre son Christ[5] ». Les princes ont uni leurs efforts et conspiré contre les chrétiens. Et même dans mon billet, n’ai-je point promis que ces princes embrasseraient la foi, et n’est-ce point ce qui est arrivé ? Écoute en quel endroit je l’ai promis « Tous les rois de la terre l’adoreront, tous les peuples le serviront[6] ». Ingrat ! Tu lis ce que je dois, tu le vois accompli, et tu ne crois point au reste de la promesse ? Lis encore dans mon billet. « Que les nations ont frémi de colère, que mes ennemis ont parlé contre moi », c’est-à-dire contre mon Christ. « Quand mourra-t-il, quand son nom disparaîtra-t-il[7] ? » Voilà ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont dit ; lis maintenant ce que j’ai promis, à quoi je me suis engagé : « Le Seigneur l’emportera sur eux, il exterminera tous les dieux des nations de la terre, et chacun l’adorera dans sa terre natale[8] ». Maintenant il a prévalu, il a réduit au néant tous les dieux des nations de la terre. N’est-ce point ce qui est accompli ? sa parole n’est-elle pas dégagée ? Sous les yeux de tous il nous montre sa dette acquittée : une partie de ses promesses a été exécutée sous les yeux de nos pères, et nous ne l’avons point vu ; une autre partie sous nos yeux, et eux ne l’ont point vu ; de siècle en siècle, il tient ses promesses. Que reste-t-il encore ? Ne peut-on le croire après tout ce qui est accompli ? Que reste-t-il ? Le voilà qui entre en compte ; après avoir tenu tant de promesses, pourrait-il être infidèle pour ce qui reste ? Point du tout. Pourquoi ? Parce que le Seigneur est fidèle en toutes ses paroles, et saint dans toutes ses œuvres.
18. « Le Seigneur soutient tous ceux qui chancellent[9] ». Mais quels sont tous ceux qui chancellent et qu’il soutient ? Il soutient tous ceux qui tombent, mais ceux qui tombent d’une certaine manière. Il en est, en effet, beaucoup qui tombent en se séparant

  1. Ps. 144,13
  2. Ps. 144,13
  3. Rom. 8,32
  4. Ps. 43,22
  5. Id. 2,1-2
  6. Id. 71,11
  7. Id. 40,6
  8. Soph. 2,11
  9. Ps. 144,14