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ce nom ne puisse porter les hommes à rendre aux anges le culte souverain, qu’on nomme en grec liturgie ou latrie. Aussi eux-mêmes ont-ils soin d’en détourner les hommes, puisque cet honneur n’est dû qu’à celui qui est leur Dieu et le Dieu des hommes. Le nom d’anges, en latin messagers, leur convient donc beaucoup mieux, ce nom qui a plus d’analogie à leur emploi qu’à leur nature, et nous fait comprendre qu’ils dirigent notre culte vers le Dieu dont ils sont les ambassadeurs. Ainsi l’Apôtre a tranché en, quelques mots la question qui nous occupe, quand il a dit : « S’il est en effet des êtres appelés dieux dans le ciel et sur la terre, de manière à constituer plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, pour nous néanmoins il n’est qu’un seul Dieu, Père d’où procèdent toutes choses, qui nous a faits pour lui, et un seul Seigneur Jésus-Christ, par qui tout a été fait, et nous sommes par lui[1] ».
4. Confessons donc au Dieu des dieux, et au Seigneur des seigneurs, que sa miséricorde est éternelle ; « à lui seul qui fait les grands miracles[2] ». De même que tout verset se clôt par ces mots : « Parce que sa miséricorde est éternelle », de même à la tête de chacun, bien qu’on ne l’ait point mis, il faut sous-entendre : « Confessez au Seigneur » ; ce que le texte grec nous fait voir clairement, Le latin nous le montrerait également si nos traducteurs avaient pu rendre la même expression. Ils l’auraient fait dans ce verset, en disant : « A celui qui fait des miracles[3] ». Car si nous disons : « Celui qui fait des miracles », on lit dans le grec : « A celui qui fait des miracles » ; ce qui nous force à sous-entendre : « Confessez ». S’ils ajoutaient seulement le pronom et nous disaient : « A celui qui fait des miracles », ou « qui a fait », ou qui a « affermi », on comprendrait facilement qu’il faut sous-entendre : « Confessez ». Mais le texte est devenu tellement obscur que celui qui ne saurait examiner le texte grec, ou qui néglige de te faire, est porté à penser, qu’il y a dans le texte : « Qui a fait les cieux, qui a affermi la terre, qui a fait les grands flambeaux, parce que sa miséricorde est éternelle » ; en ce sens que Dieu aurait fait ces œuvres précisément par un effet de cette éternelle miséricorde, tandis qu’il n’y a pour appartenir à sa miséricorde que ceux qu’il

  1. 1 Cor. 8,4-6
  2. Ps. 135,4
  3. To poiesanti.