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l’on dit : Voilà un chrétien, voilà ce que sont les chrétiens. C’est à cause de toi qu’on blasphème le Christ. Et lorsque ta vie est une malédiction, à quoi reviennent les bénédictions de ta langue ? Bénissez donc le Seigneur, quand ? Pendant la nuit. Quand Job l’a-t-il béni ? Dans la nuit la plus triste. Il avait perdu tous ses biens, perdu ses enfants, à qui il les réservait. Quelle triste nuit, mes frères ! Mais voyons s’il ne bénit pas Dieu pendant cette nuit : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté, comme il a plu au Seigneur il a été fait, que le nom du Seigneur soit béni[1] ». Qu’elle était noire, cette nuit ! Frappé d’un ulcère de la tête aux pieds, il se dissolvait et s’en allait en pourriture. C’est alors qu’Eve osa bien le tenter : « Parle contre ton Dieu et meurs ». Écoute comme il bénit Dieu pendant la nuit : « Vous avez parlé », lui dit-il, « comme une femme insensée. Si nous avons reçu les biens de la main de Dieu, pourquoi n’en pas recevoir les maux[2] ? » Voilà ce que dit le psaume : « Pendant les nuits, élevez vos mains vers le sanctuaire, et bénissez le Seigneur ». Que dit Job ? « Vous avez parlé comme une femme insensée ». Adam est en pourriture et il repousse Eve comme pour lui dire : Qu’il te suffise d’avoir fait de moi un mortel ; tu as prévalu dans le paradis, tu seras vaincue sur le fumier. C’est là, mes frères, le don précieux de Dieu. Mais d’où nous vient cette grâce, sinon de ce que la rosée de l’Hermon avait trempé cette âme, de ce que le Seigneur avait donné la suavité afin que la terre produisît son fruit[3] ? « Pendant la nuit élevez vos mains vers le sanctuaire, et bénissez le Seigneur ».
3. « Que le Seigneur vous bénisse de Sion, lui qui a fait le ciel et la terre[4] ». C’est au pluriel que le Prophète exhorte d’abord à bénir le Seigneur, puis il n’en bénit qu’un seul parce qu’il a réuni plusieurs en un seul, et qu’« il est bon que les frères demeurent ensemble[5] », Les frères sont au pluriel ; mais demeurer en un, c’est là le singulier. « Que le Seigneur donc vous bénisse de u Sion, lui qui a fait le ciel et la terre s. Que nul d’entre vous ne dise : Cette bénédiction n’est point venue sur moi. De qui penses-tu qu’il soit dit : « Que le Seigneur te bénisse de Sion ? » Il bénit l’unité : sois donc l’unité, et tu auras part à cette bénédiction.

  1. Job. 1,14-21
  2. Id. 2,7-10
  3. Ps. 84,13
  4. Id. 133,3
  5. Id. 132,1