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DISCOURS SUR LE PSAUME 57

SERMON AU PEUPLE.

RESPECT DE LA JUSTICE ET DE LA VÉRITÉ.

C’est une loi naturelle de respecter les droits de la justice et de la vérité, car ils sont inscrits dans le cœur humain et doivent se refléter dans la conduite. Mais les actes démentent trop souvent les principes. Les Juifs, les hérétiques et les pécheurs en donnent la preuve par leur astucieux entêtement à ne rien entendre qui les éclaire ou les gêne ; mais leur malice se retourne contre eux, et, pour les punir, Dieu se contente de les abandonner aux passions de leur cœur, qui les aveuglent et les font cruellement souffrir. Puissions-nous profiter de leur exemple et mettre en pratique les leçons de la justice et de la vérité !


1. Nous devrions bien plutôt écouter qu’expliquer les paroles que nous venons d’entendre Il semblerait que la vérité fait un discours au genre humain tout entier, car elle dit à tous : « Si vous parlez vraiment selon la justice, enfants des hommes, soyez justes dans vos jugements ». Est-il, en effet, rien de plus facile, n’importe à quel scélérat, que de parler selon la justice ? Interrogez le premier venu sur une affaire de justice : si ses intérêts ne sont pas en cause, ne vous donnera-t-il pas facilement une réponse conforme aux règles de l’équité ? La raison en est simple : au moment où la main du Créateur nous tirait du néant, la Vérité a écrit, au fond de nos cœurs, ces paroles : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse[1] ». Personne ne pouvait ignorer ce principe, même avant que Dieu donnât sa loi, car il devait servir à juger ceux-là mêmes à qui la loi n’avait pas été donnée. Mais, afin d’empêcher les hommes de se plaindre, et de dire qu’il leur avait manqué quelque chose pour opérer leur salut, on écrivit sur des tables ce qu’ils ne lisaient

  1. Tob. 4,16 ; Mt. 7,12