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est l’appui du malade ? le médecin. Grand espoir de salut, puisque c’est un célèbre médecin qui l’a entrepris. Quel est notre médecin ? Tout autre médecin n’est qu’un homme auprès de lui : tout médecin qui vient près d’uni malade, peut être malade à son tour, excepté Dieu. « C’est le Dieu de Jacob qui nous prend sous sa garde ». Deviens tout à fait comme l’enfant que les parents entreprennent d’élever. Ceux qu’on n’entreprend pas d’élever, on les expose ; ceux qu’on entreprend d’élever, on les nourrit. Or, penses-tu que Dieu se charge de toi-même, comme ta mère s’est chargée de ton enfance ? Point du tout ; il s’en charge pour l’éternité. Car c’est toi qui as chanté dans un autre psaume : « Voilà que mon père et ma ce mère m’ont abandonné, mais le Seigneur ce m’a pris sous sa garde[1]. C’est le Dieu de ce Jacob qui nous sauvera ».
12. « Venez et voyez les œuvres du Seigneur »[2]. Depuis que le Seigneur a voulu te sauver, qu’a-t-il fait ? Jette les yeux sur l’univers entier ; viens et regarde. Si tu ne viens, tu ne vois pas ; si tu ne vois, tu ne croiras pas ; si tu ne crois pas, tu es éloigné ; si tu crois, tu viens ; et si tu crois, tu vois. Comment vient-on à cette montagne sainte ? Est-ce à pied ? est-ce avec des vaisseaux ? ou avec des ailes ? ou avec des chevaux ? Que l’éloignement des lieux ne te cause ni souci ni trouble, la montagne elle-même vient vers toi. C’est elle qui était une petite pierre, qui a pris de l’accroissement, qui est devenue cette grande montagne remplissant toute la terre[3]. Par quelles terres veux-tu aller à celui qui a rempli toute la terre ? La voilà qui vient, éveille-toi, son accroissement éveille même ceux qui dorment : si tant est que leur sommeil ne soit pas, si profond qu’ils demeurent insensibles à cette montagne qui les frappe, et qu’ils puissent entendre : « Debout, ô toi qui dors, sors d’entre les morts et le Christ sera ta lumière »[4]. C’était beaucoup pour les Juifs de voir la pierre. Car cette pierre était petite encore : la voyant si petite, ils la méprisèrent ; en la méprisant, ils s’y heurtèrent, et en s’y heurtant, ils s’y meurtrirent ; ils n’ont plus qu’à s’y faire écraser. C’est de cette pierre en effet qu’il est dit : « Quiconque heurtera cette pierre s’y ce brisera ; et elle écrasera celui sur qui elle tombera »[5]. Être meurtri ou être écrasé, sont bien différents en effet. Être meurtri est beaucoup moins qu’être écrasé ; mais le Christ ne doit écraser, en venant dans sa gloire, que celui qu’aura meurtri son humilité. Avant de se montrer dans sa gloire, le Sauveur s’est montré aux Juifs dans son humilité ; et en se heurtant contre lui, ils se sont meurtris ; il viendra ensuite pour le jugement, dans sa gloire, dans sa majesté, dans sa grandeur, dans l’éclat de sa puissance ; non plus dans sa faiblesse pour être jugé, mais dans sa force, pour juger et pour écarter ceux qui se sont meurtris en le heurtant. Ainsi c’est lui qui est la pierre d’achoppement, et la pierre de scandale pour les incrédules[6]. Donc, mes frères bien-aimés, ne nous étonnons point si les Juifs n’ont point connu, s’ils ont méprisé cette pierre si petite qu’ils voyaient à leurs pieds : ne pas le reconnaître quand il est devenu une si grande montagne, voilà ce qui doit nous étonner. Les Juifs se sont heurtés contre une petite pierre qu’ils ne voyaient pas, et aujourd’hui les hérétiques se heurtent contre une montagne. Déjà cette pierre a pris de l’accroissement ; aujourd’hui nous leur disons : Voilà que s’accomplit la prophétie de Daniel ; cette pierre, d’abord petite, a grossi ; elle est devenue une haute montagne qui remplit la terre. Pourquoi vous y heurter et ne pas y monter ? Qui peut dire assez aveugle pour se heurter contre une montagne ? Comme si le Christ était venu vers toi pour te fournir une cause de scandale, et non une cause d’élévation. « Venez donc et gravissons la montagne du Seigneur »[7]. Ainsi dit Isaïe : « Venez et montons ». Qu’est-ce à dire : « Venez et montons ? » venez, c’est-à-dire croyez ; « montons » ou avançons. Mais eux ne veulent ni venir, ni monter, ni croire, ni avancer. Ils aboient contre la montagne. Tant de fois ils se sont heurtés contre elle et meurtris, et ils s’obstinent à ne point monter, aimant mieux se heurter encore. Disons-leur : « Venez et voyez les œuvres du Seigneur, les prodiges qu’il a faits sur la terre »[8]. On appelle prodiges ces miracles accomplis quand le monde a cru en Jésus-Christ, parce qu’ils avaient un sens prophétique. Qu’est-il donc arrivé, qu’annonçaient-ils ?
13. « Il a fait cesser les guerres jusqu’aux extrémités du monde »[9]. Nous ne voyons

  1. Ps. 26,10
  2. Id. 45,9
  3. Dan. 2,35
  4. Eph. 5,14
  5. Lc. 20,18
  6. 1 Pi. 2,8
  7. Isa. 2,3
  8. Ps. 45,9
  9. Id. 10