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de lui quelque secours de manière à ne pas douter qu’il ne nous vienne de Dieu, il nous montre alors son visage. « Dieu la protégera de sa face ».
10. « Les nations se sont soulevées ». Comment soulevées ? Pourquoi ce soulèvement ? Pour renverser la cité de Dieu, au milieu de laquelle est Dieu lui-même ? Pour détruire le tabernacle qu’il a sanctifié, qu’il protège de sa face ? Non, mais ce soulèvement des nations est un soulèvement salutaire. Voyons en effet la suite. « Les royaumes se sont inclinés »[1]. Les royaumes, dit le Prophète, se sont inclinés, ils ne s’élèvent plus pour sévir, ils s’inclinent pour adorer. Quand les royaumes se sont-ils inclinés ? Quand s’est accomplie cette prophétie d’un autre psaume : « Les rois de la terre viendront l’adorer, toutes les nations le serviront »[2]. Quelle cause a fait incliner les royaumes ? Cette cause, écoutez-la : « Le Très-Haut a fait retentir sa voix, et la terre en a tremblé ». Les sacrificateurs des idoles élevaient la voix comme les grenouilles du fond de leurs marais, et avec un bruit d’autant plus fort que ce bruit venait d’une boue et d’une fange plus infecte. Mais quel rapprochement entre ce bruit des grenouilles et les tonnerres des nuées ? Car c’est de là que « le Très-Haut fit retentir cette voix dont la terre a été ébranlée » ; il a tonné du haut de ses nuées. Quelles nuées sont les siennes ? Les Apôtres, ses prédicateurs, qui étaient les porte-voix de ses préceptes, et les instruments de ses miracles. Ils sont des nuées comme ils sont des montagnes ; des montagnes à cause de leur hauteur et de leur solidité, des nuées à cause de la pluie et de la fécondité qu’elles répandent. Ces nuées ont arrosé la terre, et c’est d’elles qu’il est dit : « Le Très-Haut a fait retentir sa voix dont la terre a été ébranlée ». C’est encore de ces nuées que Dieu parle quand il menace une certaine vigne stérile, et c’est par suite de cette menace que les montagnes ont été transportées dans le sein de la mer. « Je commanderai aux nuées », dit le Seigneur, « de ne laisser tomber sur elle aucune pluie »[3]. C’est là ce qui s’accomplit, comme nous l’avons observé, quand les montagnes furent transférées au sein de la mer ; quand il fut dit aux Juifs : « Nous étions envoyés vers vous, mais puisque vous repoussez la parole de Dieu, allons chez les nations[4] » : alors s’accomplit cette menace : « Je commanderai aux nuées de ne laisser tomber sur elle aucune pluie ». Aussi la nation juive est-elle demeurée comme une toison sèche dans l’aire. Car vous savez que ce fait arriva autrefois par miracle. L’aire était desséchée, la toison seule était humide, mais la rosée n’était pas visible dans la toison[5]. Ainsi le sacrement de la nouvelle alliance était invisible dans le peuple juif. La toison était pour eux ce qu’est pour nous un voile : et le sacrement était voilé dans la toison. Mais dans l’aire, ou chez toutes les nations, l’Évangile du Christ est en évidence ; la pluie est visible, la grâce de Jésus-Christ est à découvert ; aucun voile ne la couvre. Mais pour en faire sortir la rosée, on a pressé la toison. C’est en la pressant de la sorte qu’ils ont fait sortir le Christ du milieu d’eux, et le Seigneur au moyen de ses nuées a répandu la pluie dans l’aire, et la toison est demeurée dans la sécheresse. C’est donc de là que « le Très-Haut a fait retentir sa voix », c’est de ces nuées qu’est sortie la voix qui a forcé les royaumes à s’incliner et à l’adorer.
11. « Le Dieu des vertus est avec nous, le Dieu de Jacob est notre appui »[6]. Ce n’est point un homme quelconque, ni une puissance quelconque, ni même un ange, ni aucune créature, soit terrestre, soit céleste, mais « le Seigneur des vertus qui est avec nous, c’est le Dieu de Jacob qui est notre appui ». Celui qui a envoyé les anges, est venu après les anges, il est venu pour être servi par les anges, il est venu afin d’élever les hommes à la hauteur des anges. Incomparable faveur ! « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Le Dieu des armées est ce avec nous ». Quel est ce Dieu des armées qui est avec nous ? ce Si Dieu est pour nous as, dit l’Apôtre, « qui sera contre nous ? lui qui n’a pas épargné son propre Fils, qui l’a livré à la mort pour nous, comment ne nous donnerait-il point toutes choses avec lui ? »[7] Soyons donc en assurance, et dans la paix du cœur nourrissons du pain de Dieu une conscience pure. « Le Seigneur des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est notre appui ». Quelle que soit ta faiblesse, vois quel est ton appui. Un homme tombe malade, on appelle un médecin : le médecin dit qu’il prend le malade sous sa garantie. Qui donc

  1. Ps. 45,7
  2. Id. 71,11
  3. Isa. 5,6
  4. Act. 13,46
  5. Jug. 6,37-38
  6. Ps. 45,8
  7. Rom. 8,31-32