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à faire condamner ceux qui t’avaient condamné ; sache à ton tour reconnaître l’innocence de Cécilien, qui a refusé de comparaître devant tes ancêtres, pour réserver sa cause au jugement de l’univers entier, comme tu as réservé la tienne au jugement du concile des Numides. Si le siège de Bagaï t’a rendu ton innocence, à combien plus forte raison le Siège apostolique lui a rendu la sienne. Ou bien veux-tu donner de la valeur à sa première condamnation ? Si elle a de la valeur, c’est contre toi. Car jamais cette condamnation n’a eu de valeur contre Cécilien, jamais elle n’en aura ; prends garde toutefois de te condamner toi-même.
22. Ils osent bien dire ici : Mais nous, qui avons ensuite condamné les Maximianistes, nous étions en plus grand nombre. Donnez donc de la valeur au jugement rendu contre Félicien, et vous en donnerez alors à celui qui frappe Cécilien. Dans leur concile de Bagaï, ils ont aussi condamné Félicien maintenant Félicien est admis à la communion ; donc, ou bien c’est un coupable que l’on a admis, ou bien un innocent que l’on a condamné. Si tu reçois un coupable, pour garder la paix avec Donat, cède à tous les peuples pour la paix de Jésus-Christ ; mais si par erreur vous avez condamné un innocent ; si trois cents évêques ont pu se tromper en condamnant Félicien, soixante-dix évêques n’ont-ils pu sans erreur condamner Cécilien ? Qu’avez-vous donc à répondre ? quand on vous objecte : Les Maximianistes vous ont condamnés les premiers ; vous répliquez en disant : Mais nous étions bien plus nombreux en condamnant les Maximianistes. On peut répondre à l’instant à chacune de vos objections : que c’est vous les premiers qui avez condamné Cécilien. Si l’on doit s’en tenir à la priorité dans le jugement, c’est aux Primianistes à céder au concile des Maximianistes ; et si l’on s’en tient au plus grand nombre, c’est aux Donatistes à céder à l’univers entier : je ne vois rien de plus juste. Les Maximianistes sont peu nombreux, mais les premiers. Un accusé n’a pas le droit de condamner. Si c’est là ton avis, comment, sous le poids d’une condamnation, as-tu pu condamner un autre ? Car il a signé avec ceux qui ont porté la sentence, et ils ne lui ont point gardé la place d’un homme qui plaide sa cause. Mais il en est autrement de Cécilien : on lui a gardé la place d’un homme qui se justifie, ainsi que le porte la sentence elle-même ; car il n’a pas été admis à la communion sans avoir purgé son accusation. Mais ici Maxime est condamné par les juges, et là il est parmi les juges qui condamnent. Que ce soit là de l’équité dans le concile de Bagaï nous voulons bien vous l’accorder. C’est à tort que les Maximianistes t’ont condamné ; comme c’est à tort que les premiers de votre secte ont condamné Cécilien. Tu t’es justifié à Bagaï, lui est justifié par une sentence d’outre-mer, sentence ratifiée par tout l’univers. Qu’as-tu donc à répondre ? Nous sommes, dis-tu, en plus grand nombre que les Maximianistes. Eh bien ! soyez plus nombreux, parlons alors du nombre. Voyez quelle différence. Les Maximianistes ont condamné eu toi un absent qui refusait de comparaître devant eux. C’est là une ressemblance, car tes ancêtres ont ainsi condamné Cécilien absent, et qui évitait leur faction. À ton tour tu les as condamnés quoique absents au concile de Bagaï : mais Cécilien s’est justifié en présence même de ses adversaires. Il y a encore une autre différence bien grande : c’est toi-même qui es allé chercher des juges en Numidie, toi qui les as établis juges, les Maximianistes ne les avaient pas demandés : tandis que Cécilien a fait condamner Donat par les juges mêmes qu’avaient demandés les Donatistes. Les Maximianistes peuvent donc te répondre et à bon droit : Nous sommes d’abord venus près de vous, nous évêques de votre province, d’un diocèse qui vous appartient ; nous avons voulu entendre votre cause ; vous avez dédaigné de vous présenter devant nous. Si vous redoutiez notre jugement, nous devions du moins choisir les juges de concert, et vous n’aviez pas droit de choisir ceux que vous vouliez. Voyez encore quelle différence. Les Donatistes alors envoyèrent à l’empereur des suppliques pour qu’il nommât des juges ; ils récusèrent ceux qui les avaient condamnés, et qu’ils avaient demandés avant leurs condamnations. On leur en donna d’autres selon leur requête, nouvelle con damnation ; ils en appelèrent à l’empereur, nouvelle condamnation. Condamné une seule fois et en son absence, un maximianiste se tait ; condamné trois fois, et toujours présent, un donatiste ne se tait point ?
23. Entre toi et les Maximianistes, il reste