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Il y avait dans ces quatre cet auteur du schisme, qui retranchait encore à une part déjà retranchée, et qui ne gémissait point de se voir séparé de l’unité tout entière.) « Ces prêtres donc, effrayés de sa criminelle audace, ayant repoussé par leur silence toute complicité, il osa seul accomplir sa criminelle entreprise, au point de se croire en droit de porter une sentence contre le diacre Maximien, homme connu de tous pour son innocence, et cela sans aucun procès, sans accusateur, sans témoin, quand cet homme, qui n’avait pas comparu, était malade au lit ». (Voyez bien son crime.) « C’est ainsi qu’il avait déjà condamné des clercs par un emportement semblable. Et comme il avait admis des incestueux à la sainte communion, contre la loi et les décrets de tous les prêtres, malgré l’opposition de la plus grande partie du peuple ; pressé par les lettres des plus nobles parmi les anciens de corriger par lui-même ce qu’il avait fait, il a poussé la témérité jusqu’à négliger de le faire. Justement émus de cette conduite, les anciens de cette église envoyèrent à tous les évêques des lettres et des ambassadeurs, pour nous prier avec larmes de les venir trouver, afin qu’après avoir pesé toutes choses, et mûrement examiné les accusations, on rendît l’éclat à cette Église. Or, quand sur ces invitations nous sommes venus ici, cet homme bouillant, faisant valoir ses motifs que l’on connaît, s’abstint de nous rencontrer ». (Vous connaissez ce que l’on objecte à Primianus ; c’est que le parti de Donat est souillé d’inceste. Voici en effet leur règle : tel est l’homme avec qui l’on communique, tels deviennent tous les autres et la masse entière. Si donc ils disent vrai, tout le parti de Donat est souillé d’inceste. Que les Numides viennent donc nous dire : Que nous importe à nous que tu aies admis à ta communion je ne sais quels incestueux ? comment cela pourrait-il nous atteindre à une si longue distance ? Mais si vous ne voulez pas qu’un fait arrivé à Carthage ait son contre-coup en Numidie, comment ce qui se passe en Afrique a-t-il pu nuire à la terre entière ? Leur défense arrive toujours à les charger davantage et à nous excuser.) « Il s’est abstenu de nous rencontrer ». (C’est leur plainte contre Cécilien.) « S’obstinant dans sa rébellion, il a persévéré dans le mal ; puis, ayant rassemblé des hommes perdus ». (Voici quelque chose de plus : on n’a pas fait ce reproche à Cécilien ; écoutez ces reproches.) « Ayant obtenu des gardes, il assiégea les portes des églises » (assurément afin d’empêcher les évêques d’y entrer), « et nous ôta la liberté d’y entrer et d’y célébrer les saints mystères. Tout homme qui soutient la vérité peut apprécier ou juger si telle est la conduite d’un évêque, ou s’il est permis à des chrétiens d’en agir ainsi. C’est notre propre frère qui nous a fait ce que n’aurait pas fait un étranger ». (Que dirai-je de plus ? ils accumulent les accusations et condamnent Primianus ; mais lisons la condamnation.) « Nous donc, prêtres du Seigneur, en présence de l’Esprit-Saint, attendu que le même Primianus a substitué des évêques à d’autres qui étaient encore vivants ; qu’il a admis des incestueux à la communion des saints ; qu’il a tenté d’engager des prêtres à former une conjuration ; qu’il a fait jeter dans un cloaque le prêtre Fortunat, qui venait par le baptême au secours des malades ; qu’il a refusé de communiquer avec le prêtre Démétrius, afin d’obtenir la démission de son fils ; qu’il a fait un crime à ce prêtre de l’hospitalité donnée à des évêques ; que ledit Primianus a lancé la multitude pour abattre les maisons des chrétiens ; qu’il a fait assiéger d’abord, puis lapider par ses satellites des évêques et des clercs ; qu’il a fait massacrer dans une église des vieillards qui voyaient avec peine les Claudianistes admis à la communion ; qu’il a cru devoir condamner des clercs innocents ; qu’il a refusé de se présenter devant nous pour être entendu, et qu’il a fermé et fait garder les portes des églises par des gens attroupés et des archers pour nous en interdire l’entrée ; qu’il a ignominieusement repoussé les légats que nous lui avions envoyés ; qu’il a usurpé plusieurs places, d’abord par la violence et ensuite par l’autorité judiciaire ». (Il abandonne pourtant ce qu’il a pris. L’apôtre saint Paul nous dit : « Quelqu’un d’entre vous ayant un différend avec un autre, ose-t-il bien l’appeler en jugement devant les infidèles et non devant les saints ? »[1] Voyez quel crime ils reprochent à Primianus, de n’avoir pas voulu décider de ces places au tribunal des évêques, mais à celui des juges.) « Sans

  1. 1 Cor. 6,1