Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VI.djvu/550

Cette page n’a pas encore été corrigée

SERMON CXXXII. PURETÉ ET SAINTE COMMUNION[1].

ANALYSE. – Après avoir excité les Catéchumènes à faire leur profession de foi et à recevoir le baptême afin d’être initiés à la connaissance de ce que l’Écriture appelle le corps et le sang de Jésus-Christ, S. Augustin rappelle aux fidèles la nécessité de la pureté pour communier. Que tous donc la pratiquent, et ceux qui sont mariés, et ceux qui ne le sont pas encore, et ceux surtout qui en ont fait vœu et qui doivent la garder avec une perfection plus grande. Il termine en disant qu’il voudrait être moins sévère, mais que son devoir ne le lui permet pas.


1. Nous venons de l’entendre pendant la lecture du saint Évangile, c’est en nous promettant la vie éternelle que Jésus-Christ notre Seigneur nous exhorte à manger sa chair et à boire son sang. Vous l’avez tous entendu, mais tous vous ne l’avez pas compris. Vous qui êtes baptisés et vous – qui êtes au nombre des fidèles, vous savez la pensée du Seigneur. Quant à ceux qui sont encore Catéchumènes où Écoutants, ils ont pu entendre ses paroles, mais en ont-ils saisi le sens ? Aussi nous adressons-nous aux uns et aux autres. Ceux qui déjà mangent la chair du Seigneur et boivent son sang, doivent songer à ce qu’ils mangent et à ce qu’ils boivent ; pour ne pas s’exposer, comme s’exprime l’Apôtre, à manger et à boire leur condamnation[2]. Pour ceux qui ne communient pas encore, qu’ils s’empressent d’approcher de ce divin banquet où ils sont invités. C’est à cette époque que les maîtres de maison donnent des repas : Jésus en donne chaque jour, et voilà sa table dressée au milieu de cette enceinte. Qui vous empêche, ô Écoutants, de voir cette table et de vous asseoir à ce festin ? Vous vous êtes dit peut-être, durant la lecture de l’Évangile : Quelle idée nous faire de ces mots : « Ma chair est véritablement une nourriture et mon sang véritablement un breuvage ? » Comment se mange la chair et comment se boit le sang du Seigneur ? Que veut-il dire ? – Mais qui t’a fermé l’entrée de ce mystère ? Tu y vois un voile ; ce voile, si tu veux, sera soulevé. Viens à la profession de foi et la question sera résolue pour toi, car ceux qui l’ont faite connaissent ce qu’a voulu dire notre Seigneur Jésus. Quoi ! on t’appelle Catéchumène, on t’appelle Écoutant, et tu es sourd ! Tu as ouvert l’oreille du corps, puisque tu entends le bruit des paroles ; mais tu as fermé encore l’oreille du cœur, puisque tu n’en comprends point le sens. Je parle, mais je n’explique pas. Nous voici à Pâques, fais-toi inscrire pour le Baptême. Si la fête ne suffit pas pour t’exciter, laisse-toi conduire par la curiosité même, par le désir de savoir ce que signifie « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. » Pour comprendre avec moi le sens de ces mots : frappe et on t’ouvrira. Je te dis : Frappe et on t’ouvrira ; moi aussi je frappe, ouvre-moi ; je fais bruit aux oreilles, mais je frappe au cœur.
2. Mes frères, si nous devons exciter les Catéchumènes à ne point différer de recevoir cette grâce – immense de la régénération ; quel soin devons-nous consacrer à porter les fidèles à profiter de ce qu’ils reçoivent, à ne pas manger, à ne pas boire leur condamnation à cette table divine ! Qu’ils vivent donc bien, pour être préservés de ce malheur. Et vous, exhortez, non par vos paroles, mais par vos mœurs, ceux qui ne sont pas baptisés, à suivre vos exemples sans y trouver la mort. Époux, gardez à vos épouses la foi nuptiale ; faites pour elles, ce que vous exigez pour vous. Mari, tu requiers de ta femme la garde de la chasteté, donne-lui l’exemple et non des paroles. Tu es le chef ; vois où tu marches ; car tu ne dois marcher que par où elle peut te suivre sans danger ; que dis-je ? partout où tu veux qu’elle mette le pied, tu dois mettre le tien. De ce sexe faible tu exiges la force : comme vous éprouvez l’un et l’autre les convoitises de la chair, c’est au plus fort de vaincre le premier. N’est-il pas toutefois déplorable de voir tant d’hommes vaincus par les femmes ? Des femmes gardent la chasteté que des hommes refusent d’observer ; ils mettent même leur honneur d’homme à ne l’observer pas, comme si leur sexe n’était plus fort que pour se laisser plus facilement dompter par l’ennemi. Il y a lutte, il y a combat, il y a bataille. L’homme est plus fort que la femme, dont il est le chef[3]. La

  1. Jn. 6, 66. 67
  2. 1Co. 11, 29
  3. Eph. 5, 23