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serai vertueux pour la gloire de Celui à, qui je me voue ; je serai vertueux non par mes propres forces mais avec le secours que j’attends de Lui ; non pas en me disant bon et juste, mais en désirant qu’il me déclare tel. Il entre donc, il devient catholique, Le vois-tu ? Il justifie son entrée ; justifie de même ta sortie. Mais tu ne le peux ; car « le fils mauvais se dit juste, sans pouvoir justifier sa sortie. »
19. « Vous heurtiez de l’épaule, vous frappiez de la corne et vous poussiez toutes les brebis infirmes jusqu’à ce que vous les eussiez dispersées loin du troupeau. Et je sauverai mes brebis. » Autant est détestable l’iniquité et la dureté de ces faux pasteurs, autant est louable la miséricorde de notre Pasteur ; il est vraiment notre Dieu et il sauvera ses brebis. Peut-être même, quand nous parlons, peut-être le fait-il, mes frères, par ses derniers et indignes serviteurs. Ah ! qu’il sauve ses brebis, que celles-ci écoutent la voix de leur Pasteur et le suivent. Qu’on ne cherche pas l’Église sur les lèvres des hommes, qu’on la cherche sur les lèvres de Dieu, sur les lèvres du Christ. Celui qu’il appelle impie est impie ; celui qu’il dit juste est juste ; s’il dit voilà une brebis, c’en est une ; voilà un bouc, c’en est un. Il est la Vérité, à lui de parler, à lui de nous faire connaître l’Église. Dites-nous donc, Seigneur, où est votre Église. Et lui de répondre à tous : Savez-vous où je suis ? Que tous reprennent : Au ciel, à la droite du Père. – C’est la vraie foi, c’est la foi que j’ai enseignée, la foi que j’ai semée, je l’ai semée dans le monde. Lors donc, poursuit-il, que vous confessez que je suis au ciel, vous pensez sûrement à ce psaume « Élevez-vous, Seigneur, au-dessus des cieux » Vous voulez savoir où est l’Église ? Lisez ce qui suit : « Et que votre gloire brille sur toute la terre[1]. » – Ainsi, mes frères, le verset même où il est dit de la résurrection et de l’ascension du Christ : « Élevez-vous, Seigneur, au-dessus des cieux. » ajoute aussitôt : « Et que votre gloire brille sur toute la terre. » L’Époux est au ciel, l’Épouse sur la terre ; il est sur tous les cieux, elle est sur toute la terre. O hérétique, tu crois au ciel ce que tu n’y vois pas et tu ne crois pas ce que tu vois sur la terre ? Que le Christ donc nous parle ainsi, qu’il nous parle ainsi, mais écoutons-le et qu’il sauve ses brebis. « Je sauverai, dit-il, mes brebis, elles ne seront plus laissées en proie, et je jugerai entre les brebis et les brebis. »
20. « Et je susciterai sur elles le Pasteur unique. » N’a-t-il pas dit dans la leçon précédente : « Je ferai paître moi-même ? » Et celui qui fait paître lui-même suscité maintenant le Pasteur unique ? Serait-ce qu’en si peu de temps il a été pris : d’ennui pour la profession du pasteur et qu’en vue de sa tranquillité il a suscité un autre pasteur pour lui confier le soin de son troupeau ? Apprenons qui il appelle pasteur ; nous comprendrons ainsi pourquoi lui-même fait paître encore et fait paître tout seul quand il a suscité un pasteur. « Je susciterai sur elles le Pasteur unique, et mon serviteur David les fera paître, lui-même sera leur pasteur. » C’est ici une prophétie qui regarde le Christ fait homme, issu de la race de David. Vous l’entendez facilement, pour peu, mes frères, que vous connaissiez les époques. Le prophète qui parle, Ézéchiel vivait au temps de la captivité de Babylone. Or, de David à cette captivité on compte quatorze générations. C’est après cette longue période qu’il est dit : « David les fera paître. » Si cette prédiction datait de Noé, d’Abraham, de Moïse, ou au moins de Saül, le prédécesseur de David sur le trône, nous devrions comprendre qu’il, s’agit de ce même David fils de Jessé, et qu’il était annoncé qu’il serait le pasteur du troupeau de Dieu et que Dieu lui confierait le soin de son peuple en l’appelant au trône. Mais à l’époque d’Ézéchiel, David avait régné il était mort, il était réuni à ses pères, il jouissait du repos mérité par lui. Que signifie donc : « Je susciterai David et je ferai de lui leur unique pasteur ? » David ne, désigne-t-il pas ici Celui qui est né de la famille de David ? Comment alors Dieu nous donne-t-il un pasteur ? Quel est ce pasteur unique ?« Et mon serviteur David les fera paître. » Depuis longtemps Dieu – nous conduisait, nous faisait paître lui-même ; n’est maintenant son serviteur David. Pourquoi est-il parlé de lui comme d’une personne étrangère ? Quand il nous conduisait, Dieu ne nous conduisait-il pas ? et quand Dieu nous dirigeait, n’étions-nous pas sous la direction du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint ? Dieu maintenant suscite son Fils, qui devient comme un autre pasteur, sans être véritablement un autre. Comme, Dieu il n’est pas un autre, parce que considéré dans cette nature divine, il fait un seul Dieu avec le Père ; comme, revêtu de la nature de serviteur, il est considéré comme étant un autre, chargé de conduire le

  1. Ps. 107, 6