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d’entre eux ? C’est que parmi vous se trouve Celui qui cherche la brebis perdue. On vous dit quelquefois – Il écoutera et sortira. – Vous de répondre : Qu’il écoute et sorte. – Il écoutera et se moquera. – Qu’il écoute et se moque. Il finira par goûter et connaître la vérité ; un jour il ne sera plus avec les siens, il restera avec son cœur, il renoncera à son erreur et rendra grâces à son Dieu. – Voilà ce que vous dites. – Et eux que dirent-ils ? – Qui êtes-vous ? – Nous sommes chrétiens. – Non, vous êtes des espions. – Au contraire, nous sommes des catholiques. – Ils cherchèrent d’abord à les outrager ; mieux avisés ils se repentirent. Puissent-ils se repentir tous de demeurer dans cette voie comme se sont repentis ceux qui avaient commencé les outrages ! Mais enfin quels sont ceux qu’ils ont repoussés ? Des chrétiens, des fidèles, des catholiques. Et quels sont ceux qu’ils ont laissés entrer ? Je ne veux pas le dire. Je vois ceux qu’ils ont empêchés, qu’ils nous disent eux-mêmes à qui ils ont permis d’entrer.
32. Qu’ils parlent donc ; écoutons si leur voix est celle du Christ, si c’est la voix du Pasteur que doivent suivre les brebis. Que ces paroles soient prononcées par un homme de bien ou par un méchant, peu importe, considérons seulement si c’est le langage du Pasteur. Un chrétien faible, un chrétien égaré cherche l’Église. Que réponds-tu ? – L’Église est le parti de Donat. – Ne l’oublie pas, je veux connaître le langage du Pasteur. Lis-moi donc cela dans les prophètes ou (tans les psaumes, montre-le-moi dans la Loi, dans l’Évangile ou dans les Apôtres. J’y vois bien que l’Église est répandue dans tout l’univers et que le Seigneur s’écrie : « Celles qui sont mes brebis écoutent ma voix et me suivent. » Or, quelle est cette voix du Pasteur : « Qu’on prêche en son nom la pénitence et la rémission des péchés parmi toutes les nations, à commencer par Jérusalem[1]. » Voilà la voix du Pasteur, reconnais-la et suis-la, si tu es sa brebis.
33. Mais ces catholiques ont livré les Écritures, ils, ont offert de l’encens aux idoles ; c’est un tel et un tel. – Que m’importent tel et tel ? S’ils ont fait cela, ils ne sont pas des Pasteurs. C’est la voix du Pasteur que je te demande, ce que tu dis ne vient pas de lui. C’est toi qui les accuses, ce n’est pas l’Évangile ; c’est toi, et non le Prophète ni l’Apôtre. Je chois ce que m’enseigne la voix de ce Pasteur, je ne crois rien autre chose. Tu montres des Actes publics ; j’en montre aussi. Tu veux que j’ajoute foi aux tiens ; donc aussi ajoute foi aux miens. Je ne crois pas les tiens ; ne crois pas les miens. Laissons ces écrits des hommes, entendons le langage de Dieu. Montre-moi dans l’Écriture un seul mot en faveur du parti de Donat, je t’en montrerai d’innombrables en faveur de l’univers. Mais qui pourrait les compter tous ? Rappelons-en seulement quelques-uns. Écoute d’abord la Loi, le premier Testament divin : « Toutes les nations seront bénies dans ta postérité[2]. » Voici des psaumes : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage et pour domaine jusqu’aux extrémités de la terre[3]. – Tous les peuples les plus reculés se souviendront du Seigneur et se tourneront vers lui, toutes les nations se prosterneront devant lui ; car à lui appartient l’empire, il régnera sur les peuples[4]. – Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que toute la terre bénisse le Seigneur[5]. — Tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations le serviront[6]. » Qui pourrait tout rapporter ? Il n’y a presque pas une page où on ne voie partout le Christ et l’Église répandue dans tout l’univers. Qu’on me montre un seul mot en faveur du parti de Donat. Est-ce demander beaucoup ? On prédit la ruine de cette Église partout répandue. Elle périra ? et tant de témoignages assurent sa permanence ! Mais cette seule assertion n’est ni dans la Loi, ni dans les Prophètes, ni dans les chants du Pasteur ; et sans le Verbe de Dieu, sans le Christ, on ne peut rien dire de vrai.
34. Voici maintenant la parole du Verbe, elle sort de la bouche même du Verbe. Il s’écrie donc, en admirant la foi du Centurion : « En vérité je vous le déclare, je n’ai pas rencontré de si grande foi en Israël. C’est pourquoi je vous l’assure, beaucoup viendront d’Orient et d’Occident, et reposeront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux[7]. » « — Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident. » Voilà l’Église, voilà le troupeau du Christ, reconnais-les si tu es du bercail, tu ne saurais méconnaître ce troupeau répandu partout Qu’auras-tu à répondre à ton Juge, puisque tu ne veux pas de lui pour ton pasteur ? qu’auras-tu, dis-je, à lui répondre ? Diras-tu : J’ai ignoré, je n’ai pas vu, je n’ai pas entendu ? Mais qu’as-tu ignoré? « Personne

  1. Lc. 24, 47
  2. Gen. 22, 18
  3. Ps. 2, 8
  4. Ps. 21, 28-29
  5. Ps. 95, 1
  6. Ps. 71, 11
  7. Mt. 8, 10-11