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de la foi ? » Réponse : C’est sans aucun doute par l’audition de la foi. Ce fut en effet l’Apôtre qui leur prêcha la foi et ce fut pendant sa prédication qu’ils s’aperçurent de la descente en eux et de la présence de l’Esprit-Saint ; car dans ces premiers temps où on appelait à la foi, le Saint-Esprit révélait sa présence par des miracles même sensibles, ainsi que nous le lisons dans les Actes des Apôtres[1]. Les Galates l’avaient donc reçu avant l’arrivée parmi eux des faux docteurs qui voulaient les séduire et les circoncire ; et voici la pensée de saint Paul : Si votre salut était attaché à ces pratiques légales, l’Esprit-Saint ne se serait pas donné à vous sans que vous fussiez circoncis. Il ajoute : « Etes-vous assez insensés pour finir maintenant par la chair, quand vous avez commencé par l’Esprit ? » C’est la même pensée déjà exprimée dès le début en ces termes : « Seulement il en est qui sèment le trouble parmi vous et qui veulent renverser l’Évangile du Christ[2]. » Effectivement le trouble est contraire à l’ordre ; mais l’ordre est de s’élever du charnel au spirituel, et non de tomber du spirituel au charnel comme avaient fait les Galates. Ceci était aussi un renversement de l’Évangile, attendu que ce qu’il n’est pas bon d’annoncer ne saurait être l’Évangile. S’il dit ensuite : « Vous avez tant souffert » c’est que les Galates avaient déjà beaucoup enduré pour la foi. Or, ce n’était pas avec crainte et comme s’ils eussent été assujettis à la Loi ; bien plutôt ils avaient dans leurs souffrances surmonté la crainte par la charité, car la charité avait été répandue dans leurs cœurs par le Saint-Esprit qu’ils avaient reçu[3]. « Serait-ce donc en vain que vous avez tant souffert » vous qui voulez retomber dans la crainte, après avoir tant enduré avec charité ? Si toutefois c’est en vain » que vous avez tant souffert. Ce qui se fait simplement en vain est superflu ; ce qui est superflu ne nuit ni ne profite ; mais n’ont-ils pas souffert pour leur malheur ? Car il y a de la différence entre ne pas s’élever et tomber. Toutefois ils n’étaient pas tombés encore, mais ils penchaient seulement, puisque en eux agissait encore l’Esprit-Saint, comme le prouve la suite du texte.« Celui donc qui vous communique l’Esprit et qui opère parmi vous des miracles le fait-il par les œuvres de la Loi ou par l’audition de la foi ? » Réponse : C’est assurément par l’audition de la foi, comme ira été dit plus haut. Vient ensuite l’exemple du patriarche Abraham, dont il est parlé plus amplement et plus clairement encore dans l’Epître aux Romains[4]. Or ce qu’il y a de péremptoire dans cet exemple, c’est que le patriarche n’était pas circoncis encore lorsque sa foi lui fut imputée à justice et lorsque certainement pour l’en récompenser il lui fut dit : « C’est en toi que seront bénies toutes les nations[5] ; » mais si elles imitent la foi qui le justifia avant la circoncision, emblème de sa foi, et bien avant toutes les servitudes légales, car la Loi né fut donnée que bien plus tard,
21. Récompense temporelle, des observances légales[6]. – Dans ces mots : « Car tous ceux qui s’appuient sur les œuvres de la loi sont sous la malédiction » sous la malédiction signifie sous le joug de la crainte et non en liberté ; attendu qu’une vengeance temporelle et actuelle menaçait tous ceux qui ne se maintenaient point, pour les pratiquer, dans toutes les observances que prescrivait le livre de la Loi ; et que de plus on voyait dans ces châtiments corporels la honte redoutable d’une malédiction. Mais pour être justifié devant Dieu, il suffit de le servir gratuitement, c’est-à-dire sans le désir d’obtenir de Lui et sans la crainte de perdre autre chose que Lui. Car en lui seul est notre vraie et parfaite béatitude ; et comme il est invisible aux yeux du corps, c’est par la foi que nous le servons tant que nous sommes retenus dans cette chair. « Si je vis maintenant dans la chair, a dit plus haut l’Apôtre, je vis en la foi du Fils de Dieu[7] ;» or cette vie fait la justice, car il dit expressément : « Le juste vit de la foi ; » et cela pour montrer que nul ne trouve sa justification dans la Loi. Ainsi donc il faut ici entendre par la Loi ce qu’ici même il nomme les œuvres de la Loi, en parlant de ceux qui sont soumis à la circoncision et aux autres observances de même nature, et dont aucun ne vit dans la Loi sans vivre sous la Loi. Une preuve que maintenant il appelle Loi les œuvres mêmes de la Loi, c’est ce qu’on va voir dans la suite du texte. « La Loi ne s’appuie pas sur la foi, dit-il en effet ; au contraire celui qui observera ces préceptes vivra par eux. » Nous ne lisons pas : Celui qui l’observera vivra par elle ; et c’est ce qui doit te convaincre que la Loi désigne ici les œuvres de la Loi. Comme ceux qui vivaient par ces œuvres craignaient de subir, en ne les accomplissant pas, soit le supplice de la lapidation ou de la croix, soit tout autre

  1. Act. 2, 4, 8, etc.
  2. Gal. 1, 7
  3. Rom. 5, 5
  4. Rom. 4, 3
  5. Gen. 22,18
  6. Gal. 3, 10-12
  7. Id. 2, 20