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d’un homme. Conséquemment, n’être envoyé ni de la part des hommes, ni par l’intermédiaire d’aucun homme, mais par Dieu même, c’est recevoir de lui le don de véracité, puisqu’il l’accorde à ceux mêmes qu’il a envoyés par l’intermédiaire d’un homme. Si donc les premiers Apôtres sont véridiques pour avoir reçu leur mission, non des hommes mais de Dieu par l’intermédiaire d’un homme, de Jésus-Christ même durant sa vie mortelle ; confiance n’est-elle pas due également au dernier des Apôtres, puisqu’il a été envoyé par Jésus-Christ, alors qu’après sa résurrection tout en lui était divin[1] ? Les premiers Apôtres sont tous les autres, puisque le Christ les a établis quand sous un rapport il était homme encore, c’est-à-dire mortel ; le dernier est l’Apôtre Paul, établi par lui aussi, mais quand tout en lui était divin, quand sous tout rapport il était immortel. Pourquoi donc son témoignage n’aurait-il pas la même autorité que le leur ? La gloire dont brillait le Seigneur quand il l’a honoré de l’apostolat ne compense-t-elle pas le désavantage, si c’en est un, d’avoir été appelé après les autres ? Aussi après avoir, dit : « Et par Dieu le Père » il ajoute : « Qui l’a ressuscité d’entre les morts » pour rappeler ainsi et en peu de mots, la gloire où était parvenu le Sauveur en lui donnant sa mission.

3. Salutation. — « Grâce à vous et paix de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ, le Seigneur[2]. » La grâce de Dieu nous remet nos péchés pour nous réconcilier avec Dieu ; la paix est cette réconciliation même. « Qui s’est livré lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher à ce siècle mauvais. » Comprenez que ce siècle est mauvais, à cause des hommes pervers qui y sont ; comme on dit mauvaise une maison où demeurent les méchants. « Selon la volonté de notre Dieu et Père, à qui est la gloire pour les siècles des siècles. Amen. » Si les hommes font quelque bien, doivent-ils donc se l’attribuer, puisque le Fils de Dieu lui-même assure dans l’Évangile qu’il ne cherche pas sa gloire[3], et qu’il n’est pas venu faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé[4] ? Si l’Apôtre rappelle dès maintenant cette gloire et cette volonté du Père, c’est pour faire entendre qu’à l’exemple du Seigneur de qui il tient sa mission, il ne recherche pas sa gloire et ne fait pas sa volonté propre en prêchant l’Évangile. C’est du reste ce qu’il dira bientôt en ces termes : « Si je plaisais aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ[5]. »

4. Entreprise impie des Judaïsants. — « Je m’étonne que vous quittiez si vite celui qui vous a appelés à la gloire du Christ, pour passer à un autre Évangile ; et il n’en est pas d’autre[6]. » Car s’il en est un autre en dehors de celui qu’a donné le Seigneur, soit par lui-même, soit par quelque envoyé, il ne mérite plus le nom d’Évangile. Après avoir dit : « Que vous quittiez celui qui vous a appelés » il ajoute à dessein : « À la gloire du Christ » car c’est elle qu’on voulait éteindre, puisqu’il serait venu en quelque sorte inutilement sur la terre, si la circoncision charnelle et les autres observances légales étaient capables de sauver l’humanité. « Seulement il est des hommes qui sèment le trouble parmi vous et veulent renverser l’Évangile du Christ. » S’ils parviennent à troubler les Galates, ils ne parviennent pas également à renverser l’Évangile, car il est inébranlable ; mais ils en ont le dessein en détachant les croyants des choses spirituelles pour les attacher à ce qui est charnel. S’y attachassent-ils, l’Évangile reste debout. Aussi bien, après ces mots : « Qui sèment le trouble parmi vous » il ne dit pas, et renversent, mais : « Et veulent renverser l’Évangile du Christ. — Mais si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème. » C’est pour elle-même qu’il faut aimer la vérité, ce n’est ni pour l’homme ni pour l’ange qui la publient. L’aimer pour ceux qui l’annoncent, c’est s’exposer à aimer le mensonge sils en disent d’eux-mêmes. « Nous l’avons dit, et je le répète : Si quelqu’un vous prêche un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. » Il leur avait dit cela de vive voix, ou bien il répétait ce qu’il venait de leur écrire ; c’est pourquoi il s’exprimait ainsi : « Nous l’avons dit. » Cette répétition néanmoins fait une impression fort salutaire et prépare l’âme à conserver avec fermeté la foi recommandée avec tant d’instance.

5. Pureté d’intention. — Maintenant donc est-ce des hommes ou est-ce Dieu que je veux persuader ? Est-ce aux hommes que je cherche

  1. 1 Rét.ch. 24, n. 1
  2. Gal. 1, 3-5
  3. Jn. 8, 50
  4. Id. 6, 38
  5. Gal. 1, 10
  6. Id. 1, 6-9