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trois desquelles le soleil s’obscurcit, pour briller pendant les trois autres, on obtiendra mieux les trois jours et les trois nuits. Car, en prenant, avec l’Écriture, la partie pour le tout, nous comptons la fin du jour de la mort et de la sépulture ou du vendredi avec la partie de la nuit qui précède le sabbat, pour un jour et une nuit ; nous avons ensuite le sabbat avec son jour tout entier et sa nuit tout entière ; enfin la 'nuit du dimanche qui suit le samedi et commence le jour du dimanche, qui forme le troisième jour, et ainsi nous obtenons trois jours et trois nuits. Nous trouvons quelque chose de semblable dans une circonstance de la vie du Sauveur, quand il monte sur la montagne. Saint Matthieu et saint Marc nous disent : « Six jours après », ils ne tiennent pas compte des parties de jours ; saint Luc en tient compte et dit : « Huit jours après[1]. »

67. Occupons-nous maintenant de considérer comment tout le reste concorde avec saint Matthieu. Saint Luc affirme clairement que les femmes virent deux anges, au moment où elles vinrent au tombeau. Les deux autres Évangélistes nous en ont mentionné chacun un ; saint Matthieu parle de celui qui était assis en dehors du tombeau, et saint Marc de celui qui était assis à droite dans l’intérieur du sépulcre. Voici maintenant le récit de saint Luc : « Or, ce jour était celui de la préparation, et le sabbat allait commencer. Les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, virent le sépulcre et comment on y avait placé le corps de Jésus. Et s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums et elles se tinrent en repos le jour du sabbat, selon la loi. Mais le premier jour de la semaine, ces femmes vinrent au tombeau de grand matin, et apportèrent les parfums qu’elles avaient préparés. Et elles virent que la pierre qui était au-devant du sépulcre en avait été ôtée. Et étant entrées, elles ne trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus. Elles en étaient dans la consternation, quand deux hommes parurent tout-à-coup devant elles avec des robes éclatantes. Et comme elles étaient saisies de frayeur, et qu’elles se tenaient le front courbé vers la terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour. Et elles se ressouvinrent en effet des paroles de Jésus. Et étant revenues du sépulcre, elles racontèrent tout ceci aux onze et à tous les autres[2]. » Comment donc ces deux anges furent-ils vus assis, l’un au-dehors, selon saint Matthieu et l’autre à droite dans l’intérieur, selon saint Marc, tandis que saint Luc nous les représente tous les deux en face des saintes femmes, quoique tenant à peu près le même langage ? Nous pouvons admettre qu’en arrivant auprès du tombeau elles virent, assis au-dehors, sur la pierre, l’ange dont nous parle saint Matthieu ; puis franchissant la barrière qui faisait au tombeau une sorte de vestibule, et en séparait l’entrée du tombeau lui-même, elles pénétrèrent dans le vestibule et aperçurent l’ange assis à droite sur la pierre qui avait fermé le sépulcre, c’est l’Ange de saint Marc ; enfin elles examinèrent attentivement le lieu où avait été déposé le corps du Sauveur et alors, tout à fait dans l’intérieur, elles aperçurent deux autres anges qui leur parlèrent à peu près de la même manière, pour soutenir leur courage et affermir leur foi ; ce sont les deux anges dont parle saint Luc.

68. Reste maintenant à voir si le texte de saint Jean peut s’accorder avec ce qui précède. Le voici : « Le premier jour de la semaine, Marie-Magdeleine vint au sépulcre de grand matin, lorsqu’il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre avait été ôtée. Elle courut donc et vint trouver Simon Pierre et cet autre disciple que Jésus aimait et elle leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l’ont mis. Pierre sortit aussitôt, pour aller au sépulcre et cet autre disciple avec lui. Ils couraient tous deux ensemble ; mais cet autre disciple devança Pierre et arriva le premier au tombeau. Et s’étant baissé, il vit les linceuls qui étaient à terre ; mais il n’entra pas. Simon. Pierre qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre ; il vit aussi les linceuls qui y étaient, et le suaire qu’on lui avait mis sur la tête, lequel n’était pas avec les linceuls, mais lié dans un lieu à part. Alors cet autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre y entra aussi ; et il vit et il crut. Car ils ne savaient pas encore, comme l’Écriture l’enseigne, qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts. Les disciples après cela rentrèrent chez eux. Mais Marie se tenait dehors, près du sépulcre, versant des larmes,

  1. Ci-dessus, liv. 2, ch. 56. n. 113.
  2. Luc. 23, 64 ; 24, 12