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en le voyant desséché, et la réponse du Seigneur sur la puissance de la foi. Ces faits sont tellement rapprochés, que sans le récit de saint Marc qui fixe notre attention, on ne pourrait découvrir ni les faits omis par saint Matthieu, ni l’époque où ils se sont accomplis. Voici d’ailleurs comment ce dernier s’exprime, « Et les ayant quittés, il s’en alla hors de la ville à Béthanie, et s’y arrêta. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim. Or, apercevant un figuier près du chemin, il s’en approcha ; et n’y trouvant rien que des feuilles il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi à l’avenir. Et à l’instant le figuier sécha. » Puis, omettant les autres événements du jour, il ajoute : « Ce qu’ayant vu, les disciples s’étonnèrent, disant : Comment a-t-il séché sur le champ ? » quoique ceux-ci n’aient remarqué et admiré cela qu’un autre jour. On le comprend ; l’arbre ne s’est point desséché quand ils l’ont vu, mais aussitôt après qu’il fut maudit, car ils ne le virent point se dessécher, mais complètement desséché, et ils comprirent qu’il avait commencé à sécher à la parole du Seigneur.

CHAPITRE LXIX.

QUESTION CAPTIEUSE.

132. Saint Matthieu continue ainsi : « Or quand il fut dans le temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui tandis qu’il enseignait, et dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? Et qui vous a donné ce pouvoir ? Jésus répondant leur dit : Je vous ferai, moi aussi, une demande ; si vous y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d’où était-il ? » etc ; jusqu’à ces mots : « Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle autorité je fais ces choses[1]. » Tout ceci est rapporté presque dans les mêmes termes en saint Marc et en saint Luc[2] ; il n’y a dans leur récit que quelques légères différences. Comme je viens de le faire remarquer, saint Matthieu, en passant sous silence quelques faits du second jour, a tellement enchaîné son récit qu’on pourrait, si l’on n’y prenait garde, le croire encore à ce second jour, tandis que saint Marc est arrivé au troisième. Saint Luc semble ne pas distinguer les jours : il trace l’histoire des vendeurs et des acheteurs chassés du temple, mais il passe sous silence les différentes courses de la ville à Béthanie, et de Béthanie à la ville, le figuier maudit, l’étonnement des disciples et la réponse sur la puissance de la foi ; il dit seulement ceci : « Il enseignait tous les jours dans le temple Cependant, les princes des prêtres les Scribes et les principaux du peuple cherchaient à le perdre ; mais ils ne trouvaient pas que lui faire, parce que tout le peuple était ravi en l’écoutant. Or il arriva qu’un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le temple, et qu’il annonçait l’Évangile, les princes des prêtres et les Scribes y vinrent avec les anciens. Et ils lui adressèrent la parole en disant : Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses ? », etc. C’est ce que nous retrouvons dans les autres évangélistes. Évidemment il n’y a ici rien à reprendre dans l’ordre suivi, puisque si l’un affirme que le fait s’est passé un de ces jours-là », on peut le rapporter, au jour fixé par les deux autres qui rapportent le même événement.

CHAPITRE LXX.

DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. – VIGNE LOUÉE À D’AUTRES VIGNERONS..

133. Saint Matthieu continue ainsi : « Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; s’approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va aujourd’hui travailler à ma vigne. Celui-ci, répondant, dit : Je ne veux pas. Mais après, touché de repentir, il y alla. S’approchant ensuite de l’autre, il dit de même. Et celui-ci répondant, dit : « J’y vais, Seigneur, et il n’y alla point », etc, jusqu’à ces paroles : « Celui qui tombera sur cette pierre se brisera ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera[3]. » Ni saint Marc, ni saint Luc ne parlent de ces deux fils qui reçurent l’ordre d’aller à la vigne, pour y travailler. Saint Matthieu fait ensuite l’histoire de la vigne louée à des vignerons, raconte les mauvais traitements qu’ils font subir aux serviteurs envoyés vers eux, et le meurtre du fils bien-aimé qu’ils jettent hors de la vigne. Le deux autres évangélistes mentionnent ces faits exactement dans le même ordre[4]; c’est-à-dire, après que les Juifs, interrogés sur le baptême de Jean, furent réduits au silence et que Jésus leur eut dit : « Ni moi non plus je ne vous dirai point par quelle autorité je fais ces choses. »

  1. Mat. 21, 23-27
  2. Mrc. 11, 27-33 ; Luc. 19, 47 ; 20, 8
  3. Mat. 21, 28-44
  4. Mrc. 12, 1-11 ; Luc. 20, 9-18