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dit l’Apôtre : « Au-devant de Jésus-Christ [1]. »

CHAPITRE XXXVII. – Description de la sagesse, de la grandeur et de la puissance de Dieu par Eliu de Buz.


1 « Et mon cœur en a été saisi », d’admiration. « Il est comme sorti de lui-même ; » des affections terrestres qui le charmaient, afin de s’élever vers le Seigneur.
2. « Écoutez ses accents terribles, sa voix de tonnerre. » Il est ici évidemment inspiré. En effet il explique pourquoi son cœur est sorti de lui-même ; c’est qu’il est soumis à l’autorité de l’Évangile, criant avec force dans le monde entier : « Faites pénitence ; car le royaume de Dieu est proche[2]. – Le bruit de sa voix se répand en tout lieu : » et va jusqu’à ceux qui sont dehors, plongés dans les sensualités de la vie présente.
3. « Il parcourt l’étendue des cieux, il envoie sa lumière jusqu’aux extrémités du monde : » lorsque l’Église s’est répandue chez toutes les nations.
4. « Après lui on a entendu une voix frémir. » Après son premier avènement, la trompette du dernier jour retentira dans les clartés de son second avènement[3]. « Ce sera la voix de son orgueil. » Par son orgueil il désigne sa grandeur, car il fut humble dans son premier avènement. « Et quand cette voix se sera fait entendre, tout sera fini sans retour. » Maintenant donc, cherchons le Seigneur, tandis qu’on peut le trouver[4]; c’est-à-dire le posséder par une foi réelle et sincère. On ne le pourra plus, lorsqu’il viendra nous juger, et qu’on entendra de lui cette parole : « Allez au feu éternel[5]. » La pénitence des infidèles sera alors trop tardive et sans fruit.
5. « Le Tout-Puissant fera ainsi éclater son tonnerre. » Ce n’était point sa puissance, mais notre faiblesse communiquée à sa vie mortelle qui s’annonçait dans son premier avènement. C’est de lui qu’il est écrit : « Ce qui est faible en Dieu est plus fort que les hommes[6]. – Il a « accompli des prodiges que nous avons ignorés : » ceux de son premier avènement. Aussi pour nous demander compte de ses dons il viendra nous juger. « Que nous avons ignoré. » Ceci s’applique à ceux qui n’ont point connu la divinité de Notre-Seigneur ; ils ne le voyaient que dans l’infirmité de la chair.
6. « Il a dit à la nuée : Descends sur la terre. » il l’a dit à sa chair, que nous devons recevoir dans le Sacrement, en mémoire de Lui[7], pour imiter son humilité, et établir en nous sa charité. « Les pluies abondantes, et les tempêtes excitées par sa puissance. » La nuée est à la vérité sur la terre ; mais ce n’est point à nous, c’est à sa toute-puissance d’en faire sortir la rosée et la pluie de la parole, qui donnera à nos cœurs l’intelligence des mystères.
7. « Il met comme un sceau sur la main des hommes : » il leur fait comprendre par leurs actes combien ils sont coupables, afin qu’ils reconnaissent leur faiblesse, et, s’écrient : « Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort[8] ? »
8. « Les bêtes sauvages trouvent un abri, et se reposent dans leurs tanières. » Les pécheurs conduits par la grâce ont trouvé cet abri, et leur conscience a été en repos, après le pardon de leurs fautes.
9. « La tempête s’est élevée du fond de leur retraite. » La tentation lui est venue par des voies tout à fait mystérieuses. « Le froid est sorti des hauteurs. » Le jugement est secrètement venu sur ceux qui n’ont point persévéré : leur charité s’est refroidie, à cause de l’abondance de leurs iniquités[9]. Châtiment bien mérité, puisqu’ils ont mis leur espoir non en Dieu, mais en l’homme.
10. « La glace se forme au souffle de Dieu. » Non seulement l’abondance de l’iniquité attiédit ceux qui mettent en l’homme leurs espérances, mailles bonnes œuvres elles-mêmes de ceux qui ont l’esprit de Dieu endurcissent les cœurs glacés par l’envie : pour eux saint Paul est une odeur de mort pour la mort[10]. Et qui saura comprendre comment la glace se forme au souffle du Seigneur ? De même que les hommes charnels, qui louent leurs semblables, se refroidissent et se laissent aller au désespoir, en face de l’iniquité ; de même ceux qui désirent être loués, s’endurcissent et s’abandonnent à l’envie, si la justice des hommes leur refuse ce tribut de louanges. « Il conduit l’eau comme il lui plaît ; » faisant tomber la pluie sur une ville et non pas sur l’autre[11] ; ce qui doit s’entendre de la rosée de la grâce, qu’il répand dans les âmes selon qu’elles sont soumises ou ne le sont pas.
11. « Et la nuée a arrosé le froment : » soyons ce froment, si nous voulons être arrosés. « Elle a répandu la lumière. » La bonne nouvelle de son Incarnation.

  1. 1Th. 4, 16
  2. Mat. 3, 2
  3. 1Co. 15, 52 ; 1Th. 4, 15
  4. Isa. 4, 6
  5. Mat. 25, 41
  6. 1Co. 1, 25
  7. Luc. 22, 19-20
  8. Rom. 7, 24
  9. Mat. 24, 12-13
  10. 2Co. 2, 16
  11. Amo. 4, 7